
Paris, le jeudi 28 mars 2019 – « Lassitude ». Ce sentiment
apparaît inévitable face à l’accumulation des procédures
judiciaires concernant Vincent Lambert, que l’on peine à
répertorier de manière exhaustive. Cette « lassitude » est
évoquée par François Lambert, le neveu du tétraplégique de 42 ans,
dans un état végétatif depuis dix ans, neveu qui est pourtant un
acteur majeur de la bataille judiciaire menée depuis 2014 autour de
l’arrêt des soins prodigués à Vincent.
Interrogations sur l’existence ou non d’une obstination déraisonnable
Demain, nouvelle étape, qui ne préjuge pas plus que les
précédentes d’une issue, quelle qu’elle soit. Le Conseil d’État
doit se prononcer sur la validité de la nouvelle décision
collégiale du CHU de Reims d’arrêter les soins prodigués à Vincent
et de le laisser mourir (de faim et de soif ?). Cette décision
collégiale a été validée par le tribunal de Châlons-en-Champagne
(Marne) en dépit d’une certaine réserve dans le rapport des
experts. Tout en confirmant le caractère irréversible de l’état
végétatif du patient, ils ont en effet refusé de considérer qu’il
soit l’objet d’une obstination déraisonnable, qui en l’absence de
possibilité de recueillir la volonté du sujet (on ne dispose
aujourd’hui en ce qui concerne Vincent que de conversations
rapportées) est une des conditions d’application de la loi Leonetti
ici invoquée.
Le Conseil d’État déjà interrogé il y a cinq ans
Sans fin
Cependant, même si le Conseil d’État décidait, à l’instar de
toutes les juridictions nationales et européennes consultées
jusqu’à aujourd’hui, de juger conforme à la loi la décision d’arrêt
des soins, il est probable que l’affaire ne s’arrête pas là, tant
est intense la détermination des parents de s’opposer à la mort de
leur fils. « La seule question qui se pose est si la décision
sera appliquée ou pas ou est-ce qu’il faudra en prendre une
nouvelle et refaire un tour, ad nauseam » résume François
Lambert.
Aurélie Haroche