
L’éradication de la rougeole en Europe était l’un des
objectifs de l’OMS pour 2015. Objectif non atteint, comme
l’attestent les 4 484 cas de rougeole dénombrés dans 30 pays
européens entre février 2016 et janvier 2017. Les plus grands
nombres de cas ont été rapportés en Roumanie, le Royaume Uni et
l’Italie, avec les enfants de moins de 5 ans comptant pour plus de
40 % des patients.
Moins de 5 % des motifs de refus invoqués sont de réelles contre-indications
L’identification des raisons qui poussent les parents et les
soignants à refuser ou à négliger la vaccination semble une
démarche essentielle pour améliorer la couverture vaccinale. Une
équipe italienne s’y est attelée et a interrogé les familles de 1
141 enfants (âge médian 7 ans ; 47,2 % de garçons). Le taux de
couverture vaccinale est de 84,1 % (enfants ayant reçu au moins une
dose), et 15,9 % des enfants n’ont pas été vaccinés. Parmi les
enfants vaccinés, moins de la moitié (49,6 %) ont reçu les 2 doses.
La couverture vaccinale est inférieure à celle observée pour les
autres vaccins recommandés pour l’enfant de plus de 15 mois
(DTaP-HB-IPV-Hib) qui est de 97,7 %. La couverture vaccinale varie
significativement selon les groupes d’âge, le taux le plus bas
étant observé chez les moins de 24 mois (67,8 % vs 83,6 %
pour les moins de 6 ans). Parmi les enfants incomplètement ou non
vaccinés, seulement 14,4 % des familles expriment leur intention de
faire vacciner leur enfant dans un futur proche.
Les raisons évoquées par les familles pour ne pas vacciner
leur enfant sont la crainte des effets indésirables (48,7 %), la
présence d’une maladie chronique (9,5 %), l’oubli d’un rendez-vous
(11 %), le refus de toute vaccination (9,9 %), la présence d’une
maladie aiguë au moment de la vaccination (6,8 %) et l’allergie à
l’œuf (4,6 %).
En comparant les raisons avancées par les familles avec les
indications des autorités sanitaires, seulement 4,7 % de ces
raisons sont de réelles contre-indications et 3 % supplémentaires
sont sur la liste requérant des précautions.
La couverture vaccinale la plus basse se trouve chez les plus à risque…
Les auteurs notent que l’une des barrières principales à la
vaccination est la crainte des effets indésirables, comptant pour
près de la moitié des raisons des vaccinations manquantes. Il
s’agit notamment de l’hypothèse d’un lien entre la vaccination
contre la rougeole et les troubles de la sphère autistique qui
continue, 20 ans après sa publication par Wakefield and
coll. d’inquiéter les parents, malgré les preuves accumulées de
résultats falsifiés. Mais, ainsi que l’indiquent les auteurs, en
terme de vaccination, les faits prouvés sont loin d’avoir la même
résonance dans les média que les « fausses nouvelles » sur
les vaccins.
Ces données font ressortir toutefois que les stratégies pour
améliorer la couverture vaccinale devraient impliquer aussi les
professionnels de santé, pour qu’ils saisissent toutes les
opportunités de mettre à jour le calendrier vaccinal de leurs
patients, qu’ils proposent des rattrapages le cas échéant, et
s’assurent de l’existence de réelles contre-indications à la
vaccination, notamment en ce qui concerne les maladies chroniques
et les allergies.
Dr Roseline Péluchon