
Paris, le jeudi 25 avril 2019 - Ce mercredi, le Conseil
d’État, la plus haute juridiction administrative française, a
réaffirmé la conformité avec la loi de la décision des médecins
d’arrêter les soins qui maintiennent en vie Vincent Lambert, un
patient dans un état végétatif chronique devenu un symbole du débat
sur le droit de mourir dans la dignité.
Le 29 septembre 2008, Vincent Lambert, un infirmier de 32 ans,
était victime d’un grave accident de la circulation, le laissant
tétraplégique avec de graves lésions cérébrales. Depuis, sa famille
se déchire sur l’arrêt éventuel des soins qui le maintiennent en
vie et la longue bataille judiciaire qui le concerne a fait de lui
le symbole du débat sur la fin de vie.
Dans un énième rebondissement judiciaire, le Conseil d’État a
confirmé ce mercredi l’ordonnance du tribunal administratif de
Châlons-en-Champagne qui avait lui-même jugé légale la décision du
Docteur Sanchez du CHU de Reims d’arrêter les traitements de
nutrition et d’hydratation artificielle de M. Lambert et de le
placer en sédation profonde jusqu’à son décès, conformément à la
loi dite Claeys-Leonetti du 27 février 2016. Pour estimer que la
poursuite des soins constituerait une « obstination
déraisonnable », le juge s’était notamment appuyé sur une
nouvelle expertise médicale qui avait conclu que M. Lambert était
dans un « état végétatif chronique irréversible » qui ne lui
laissait aucun espoir d’un « accès possible à la conscience
».
Une famille déchirée et des rebondissements judiciaires presque sans fin
L’affaire Vincent Lambert est aussi celle d’une famille
déchirée. D’un côté, les parents et la sœur du patient considèrent
qu’il est encore conscient, que son état s’améliore et s’opposent
par conséquent à tout arrêt des soins. De l’autre, son épouse, ses
frères et son neveu, qui affirment que Vincent s’était opposé à
tout acharnement thérapeutique avant son accident. Ces derniers ont
déjà obtenu à plusieurs reprises devant la justice la confirmation
de la légalité de l’arrêt des soins, par un arrêt du Conseil d’État
de 2014, un arrêt de la Cour Européenne des Droits de l’Homme de
2015 (CEDH) et un autre arrêt du Conseil d’Etat de 2017. Mais
chaque changement de médecin au CHU de Reims déclenche une nouvelle
procédure médicale, potentiellement contestable en justice.
Quentin Haroche