
Le calendrier des vaccinations dans les premiers mois de vie est de plus en plus chargé. Les vaccins multivalents combinés permettent de réduire le nombre des injections et améliorent la couverture. Les formules pédiatriques réunissent les antigènes de 5 ou de 6 agents infectieux : diphtérie, tétanos, coqueluche, poliovirus, Haemophilus influenzae (Hib) conjugué à la protéine tétanique et/ou hépatite B. Ils peuvent être administrés sous forme de vaccin à reconstituer avec l’Haemophilus b en poudre (pentavalents, Pentavac®,Pentaxim®, hexavalents : Infanrix hexa®) ou sous forme liquide hexavalent (Hexaxim®). Ces vaccins sont habituellement administrés par voie intramusculaire dans la face antéro-externe de la cuisse, 2 ou 3 fois dans les tout premiers mois, suivis d’une injection au début de la seconde année.
Une étude prospective a été conduite sous l’égide de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire sur les pratiques des pédiatres (PED) et des médecins généralistes (MG) concernant les premières vaccinations et leurs modalités. Un questionnaire informatique comprenant 38 questions a été adressé à 1 069 PED et 1 700 MG entre le 31/10 et le 29/11/2016 donc avant les 11 vaccins obligatoires. Les médecins contactés consacraient au moins 20 % de leur temps aux enfants et administrer au moins un vaccin par semaine à des nourrissons.
Presque tous se disent confiants en l’efficacité de la vaccination
Au total, 352 questionnaires ont été remplis soit un taux de réponse de 12,7 % (MG 201, 11,8 %, PED 151, 14,1 %) ; 99 % des praticiens se déclaraient concernés par la vaccination des nourrissons et toutes les régions françaises étaient bien représentées. La connaissance du calendrier vaccinal était excellente (99 % en tout). Parmi les médecins qui avaient répondu, 98 % croyaient en l’efficacité des vaccinations et 81 % des généralistes et 62 % des pédiatres partageaient l’opinion que les vaccins recommandés devraient devenir obligatoires. Tous les praticiens prescrivaient des vaccins hexavalents souvent ou toujours ; les vaccins anti-méningocoque C, pneumocoque, rougeole/oreillons/rubéole étaient administrés par pratiquement 100 % d’entre eux. En revanche, les prescriptions des vaccins contre les rotavirus, varicelle, méningocoque B, ACWY et BCG étaient faites souvent ou toujours par 75-87 % des pédiatres et 39-72 % des généralistes. Davantage de pédiatres (88 %) que de généralistes (75 %) utilisaient des antipyrétiques et une proportion similaire proposaient des crèmes et patchs anesthésiques (79 % et 75%). L’ambiance de la vaccination était considérée importante par l’ensemble des médecins et était perturbée dans 37 % des cas. La reconstitution des vaccins (poudre pour l’Hib) était considérée comme un facteur de complication pour 70 % des PED et 57 % des MG ; en tout, 28 % rapportaient avoir occasionnellement par erreur omis de reconstituer un vaccin et 60 % ne l’avoir pas entièrement reconstitué. Presque tous (93 %) considéraient la non-reconstitution comme une erreur importante.
L’adhésion à de bonnes pratiques vaccinales est donc satisfaisante parmi les praticiens français malgré des erreurs dans la reconstitution des vaccins. La représentativité de l’échantillon peut être discutée, les praticiens les plus motivés étant les plus enclins à répondre à l’enquête.
Pr Jean-Jacques Baudon