Polémiques après les propos d’un médecin homéopathe anti vaccin dans Envoyé Spécial
Paris, le mercredi 15 mai 2019 – La semaine dernière, l’émission
Envoyé Spécial sur France 2 consacrait un reportage à la résurgence
de la rougeole en France. Parmi différentes personnes sollicitées
dont beaucoup ont rappelé l’importance de la vaccination, le
docteur Didier Grandgeorge a bénéficié d’une tribune que beaucoup
ont regrettée. Le pédiatre connu pour certains écrits pour le moins
contestables (affirmant par exemple qu’en empêchant la rougeole, le
vaccin altère la relation entre la mère et l’enfant et peut
contribuer à l’autisme !) n’a pas hésité devant les reporters
d’Envoyé Spécial a affirmé : « Les chiffres ne sont pas
affolants. Il y a eu un mort depuis le début de l’année, alors
qu’il y en a 300 sur la route tous les mois et 400 dans les
piscines. On n’a pas pour autant interdit les piscines ! »
avant de poursuivre de manière plus dérangeante : « Le vaccin
ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) n’est pas sans risque, les
effets indésirables sont nombreux et graves, il peut y avoir une
atteinte du système nerveux ». Le praticien a ainsi énuméré : «
méningite aseptique, ataxie, encéphalite, polynévrite »
avant d’affirmer que ces effets secondaires ne sont pas déclarés.
Loin de prendre totalement ces distances avec ce discours, Envoyé
Spécial a choisi (entre autres informations) de Twitter la
séquence, en guise de présentation de son reportage.
Critiques sur les réseaux sociaux
Sans surprise cette mise en avant du docteur Didier
Grandgeorge et ses propos ont suscité des critiques sans réserve
sur les réseaux sociaux, de la part notamment de médecins, qui ont
tenu à rappeler les autres déclarations controversées du praticien.
Alors que le praticien est déjà l’objet de poursuites
disciplinaires devant le Conseil d’Ordre, certains ont profité de
cette nouvelle exposition médiatique pour s’interroger sur l’issue
de cette procédure.
Pas d’amalgame ?
Cependant, là où beaucoup ont une nouvelle fois regretté qu’une
émission du service public aussi regardée qu’Envoyé Spécial
n’hésite pas à alimenter des controverses pseudo-scientifiques
potentiellement dangereuses (au nom d’une prétendue objectivité
journalistique qui masque mal des présupposés idéologiques), le
Syndicat national des homéopathes a pour sa part déploré dans un
communiqué l’amalgame fait entre médecins homéopathes et baisse de
la couverture vaccinale. Si l’adhésion à l’homéopathie n’entraîne
effectivement pas de rejet systématique de la vaccination
(d’ailleurs le Syndicat tient à rappeler qu’il soutient cette
pratique), la sensibilité à des thèses pseudo scientifiques peut
contribuer à une complaisance vis-à-vis de certains discours
hostiles à la vaccination. D’ailleurs, les rares cas de
condamnation ou de radiation de l’Ordre contre des médecins
délivrant des faux certificats de vaccination concernaient souvent
des médecins se déclarant ouvertement homéopathes.
L'expression "médecin homéopathe" est antinomique. Ceux qui se prévalent d'un tel statut devraient d'ailleurs faire l'objet de poursuites ordinales. Si l'on est est médecin, on peut seulement faire état d'un diplôme de spécialité.
Rien n'interdit à un médecin de prescrire un placebo homéopathique, mais si l'on se dit "homéopathe", c'est que l'on pratique une activité professionnelle sans rapport avec la médecine.
Dr Pierre Rimbaud
Une simple caution
Le 17 mai 2019
La plupart des "médecins" homéopathes utilisent la médecine comme une simple caution de leur activité, qui n'a généralement plus grand chose à voir avec la médecine fondée sur les preuves.
Comment le système de formation actuel peut-il susciter de telles "vocations" ? Les erreurs de casting au début des études médicales ne seraient-elles pas trop nombreuses ?
Quoi qu'il en soit, le débat actuel sur le remboursement des placébos (des granules) est une question annexe...celle du maintien de ces praticiens dans la catégorie des professions médicales au sens du code de santé publique est bien plus intéressante. Car au delà de la question des compétences, la confusion et le discredit qui en résulte sur les praticiens "honnêtes" est un problème qui prend de l'ampleur.