Le jour et la nuit à l’hôpital psychiatrique de Bourg-en-Bresse

Bourg-en-Bresse, le mardi 25 juin 2019 – En 2016, la visite du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, à l’hôpital psychiatrique de Bourg-en-Bresse avait suscité de nombreux échos. L’état de l’établissement avait en effet mis en évidence les déboires de l’accueil des patients atteints de troubles psychiatriques dans notre pays.

De la violation des libertés fondamentales…

L’ancienne magistrate avait constaté à Bourg-en-Bresse de « graves » violations des libertés fondamentales, caractérisées par des « restrictions disproportionnées de la liberté d’aller et venir (…) et d’accès aux effets personnels ». 

Elle décrivait des conditions d’hospitalisation où certains patients étaient confinés en chambre d’isolement pendant plusieurs mois, d’autres attachés 23 heures sur 24 sans possibilité de communication avec l’extérieur.

Ce tableau noir avait conduit Adeline Hazan à publier une série de recommandations en urgence, une décision très rare, tandis qu’elle avait appelé à « ériger en règle la libre circulation », à « mettre fin immédiatement à l’enfermement en chambre ordinaire » ou encore à « assurer une présence médicale quotidienne (…) dans toutes les unités ».

Du 3 au 13 juin 2019, le Contrôleur général, accompagné de six inspecteurs, a effectué une seconde mission dans cet établissement afin d’évaluer les suites données à ses recommandations.

L’équipe « a pu constater une évolution remarquable du fonctionnement de l’établissement, conduite dans un temps particulièrement court et portée par la mobilisation du personnel du centre psychothérapique de l’Ain (CPA), soudé dans une volonté commune de changement » souligne le CGLPL.

…à l’exemplarité des pratiques

En effet, dès avril 2016, le CPA a engagé « la révision de son projet d’établissement, a adapté ses investissements immobiliers et soutenu les initiatives de ses équipes ».

D’un point de vue philosophique, la prise en charge des patients a été largement modifiée : le cadre du soin qui était auparavant fondé sur des « impératifs de sécurité » se structure désormais autour du « respect de la dignité et des droits fondamentaux des patients, notamment de leur liberté de circulation ».

Le recours à l’isolement et à la contention, très présent durant la visite de 2016, « a été totalement repensé » et divisé par 10 ( !),  souligne le CGLPL, qui salue un travail de réflexion « qui a conduit à une diminution conséquente du nombre et de la durée des mesures » d’isolement.

Ces dernières sont en outre désormais mises en œuvre « dans des conditions matérielles respectueuses de la dignité et du bien-être ».

En outre, la présence infirmière a été renforcée et les locaux largement aménagés, avec le développement notamment « d’espaces bien-être », comprenant des vélos d’appartement, tables de ping-pong…

Aujourd’hui, la direction de l’hôpital, qui se félicite de ces évolutions admet que « l’établissement avait peut-être glissé vers une vision sécuritaire des soins »

Le CGLPL, dans son rapport d’activité note, néanmoins, que cette évolution spectaculaire demeure exceptionnelle.

Ainsi,  Adeline Hazan se dit « dans l’attente d’une loi, ou du moins d’un plan ambitieux pour faire face à la gravité de la situation » dans une France « devenue l’un des pays européens qui enferment le plus les personnes atteintes de troubles mentaux ».

Frédéric Haroche

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