Onde de Rossby et blocage omega, chaud devant !

Les choses se compliquent. Dans les conversations météo, vous ne pouvez plus évoquer simplement l’anticyclone ou la dépression stationnant au dessus de vos têtes ! Vous devez désormais être capable de disserter sur l’onde de Rossby ou le blocage omega, autant de phénomènes météorologiques dont seuls les afficionados des bulletins quotidiens étaient jusque là familiers. Ces phénomènes sont en effet responsables de la canicule qui a sévi en France à la fin du mois de juin, avec une température de 45°9 enregistrée le 28 juin, pulvérisant les records établis lors de la canicule de 2003. La question dominante maintenant est de savoir si ce temps deviendra la norme et en ce cas quel impact il aura sur notre devenir.

Les vagues de chaleur ont toujours existé, mais de nombreux travaux suggèrent que leur fréquence et leur ampleur sont en augmentation et que la canicule de 2019 ne sera bientôt plus une exception. Les configurations atmosphériques responsables de cette dernière ont été identifiées aussi pendant la plupart des grandes vagues de chaleur européennes observées ces 20 dernières années. Ces configurations atmosphériques particulières entrainent la formation de systèmes stationnaires de haute pression en Europe occidentale. Il n’est pas encore complètement certain que le changement climatique soit à l’origine de ces systèmes stationnaires de haute pression. Cependant, des vagues de chaleur simultanées ont été observées en 2018 en Europe et leur analyse détaillée a permis de conclure qu’il était « pratiquement certain » que ce phénomène était renforcé par le changement climatique induit par les activités humaines. La question se pose toutefois encore de savoir si tous les facteurs impliqués dans ces vagues de chaleur sont une conséquence du changement climatique.

Le climat mondial s’est réchauffé de 1°C environ depuis le début de la période industrielle, et les zones terrestres, en particulier urbaines, se réchauffent plus rapidement que les océans. Lors de la vague de chaleur de juillet-août 2003, les émissions de gaz à effet de serre ont été rendues responsables de 70 % des décès dus à la chaleur. Pour la canicule de 2019, la relation chaleur-mortalité ne sera sans doute pas la même, les leçons tirées de celle de 2003 ayant permis la mise en place de plans de lutte plus efficaces contre la chaleur. Les modélisations climatiques prévoient un réchauffement moyen de la planète de 2°C à 5°C d’ici la fin du siècle et les preuves s’accumulent que, sans réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, les vagues de forte chaleur deviendront de plus en plus fréquentes. La mortalité dépendra toutefois de l’adaptabilité et des plans de prévention mis en place dans chaque pays.

Pour cela, des experts en climatologie recommandent, dans un article paru dans le Lancet, une collaboration plus étroite entre les scientifiques chercheurs sur le climat, les praticiens de la santé et les responsables locaux impliqués dans la conception de plans d’action contre les canicules.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Mittchell D et coll.: The day the 2003 European heatwave record was broken The Lancet Planet Health 2019 – Publié en ligne le 4 juillet 2019.

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Vos réactions (1)

  • Le mystère reste entier

    Le 30 juillet 2019

    Dommage qu'à la lecture de l'article on ne sache rien sur l'onde de Rossby et le blocage oméga...

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