
Les vagues de chaleur ont toujours existé, mais de nombreux travaux suggèrent que leur fréquence et leur ampleur sont en augmentation et que la canicule de 2019 ne sera bientôt plus une exception. Les configurations atmosphériques responsables de cette dernière ont été identifiées aussi pendant la plupart des grandes vagues de chaleur européennes observées ces 20 dernières années. Ces configurations atmosphériques particulières entrainent la formation de systèmes stationnaires de haute pression en Europe occidentale. Il n’est pas encore complètement certain que le changement climatique soit à l’origine de ces systèmes stationnaires de haute pression. Cependant, des vagues de chaleur simultanées ont été observées en 2018 en Europe et leur analyse détaillée a permis de conclure qu’il était « pratiquement certain » que ce phénomène était renforcé par le changement climatique induit par les activités humaines. La question se pose toutefois encore de savoir si tous les facteurs impliqués dans ces vagues de chaleur sont une conséquence du changement climatique.
Le climat mondial s’est réchauffé de 1°C environ depuis le
début de la période industrielle, et les zones terrestres, en
particulier urbaines, se réchauffent plus rapidement que les
océans. Lors de la vague de chaleur de juillet-août 2003, les
émissions de gaz à effet de serre ont été rendues responsables de
70 % des décès dus à la chaleur. Pour la canicule de 2019, la
relation chaleur-mortalité ne sera sans doute pas la même, les
leçons tirées de celle de 2003 ayant permis la mise en place de
plans de lutte plus efficaces contre la chaleur. Les modélisations
climatiques prévoient un réchauffement moyen de la planète de 2°C à
5°C d’ici la fin du siècle et les preuves s’accumulent que, sans
réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, les
vagues de forte chaleur deviendront de plus en plus fréquentes. La
mortalité dépendra toutefois de l’adaptabilité et des plans de
prévention mis en place dans chaque pays.
Dr Roseline Péluchon