Où l’on constate que les réticences vis-à-vis du tiers payant demeurent en partie légitimes
Paris, le mardi 6 août 2019 – En arrivant avenue de Ségur, Agnès
Buzyn a décidé, au grand soulagement des professionnels de santé,
d’adopter une stratégie très différente de celle de son
prédécesseur vis-à-vis de la généralisation du tiers payant : la
persuasion de la justesse et de l’utilité du système plutôt que
l’autoritarisme. Sa conviction est que les années de pratique
permettront d’apaiser les réticences des professionnels de santé,
grâce notamment à une amélioration des dispositifs
techniques.
Spontanéité encadrée
De fait, la pratique du tiers payant a connu une importante
progression : augmentant de dix points en moyenne chez les médecins
au cours de l’année 2018. Ainsi, chez les omnipraticiens, la moitié
des actes sont désormais facturés en tiers payant (mais seulement
14,1 % ont donné lieu à un tiers payant intégral), tandis que cette
méthode concerne 26,2 % des actes chez les spécialistes. Avérée,
cette hausse est-elle seulement le signe d’une adhésion sincère des
praticiens ? Bien sûr, les demandes des patients et l’amélioration
des dispositifs favorisent cette évolution. Mais elle est également
la conséquence d’une multiplication des situations face auxquelles
la pratique du tiers payant pour la part AMO (Assurance maladie
obligatoire) s’impose ; une diversification des contraintes que
certains pourraient considérer comme une généralisation déguisée.
Ainsi, dans un billet publié dimanche, la Fédération des médecins
de France (FMF) énumère la longue liste des actes où le tiers
payant est incontournable : de l’accident du travail à la grossesse
en passant par les patients en affection longue durée (ALD),
relevant de la Couverture médicale universelle (CMU), de l’aide au
paiement d’une complémentaire santé (ACS) ou de l’Aide médicale
d’État (AME), sans compter différentes consultations de dépistage
et de prévention. Autant de situations qui contribuent certainement
à faire progresser la part du tiers payant et à expliquer
qu’aujourd’hui la moitié des actes des généralistes soit ainsi
facturée.
Des délais de paiement en constante amélioration et
très majoritairement inférieurs à quatre jours
Cependant, si ces contraintes sont acceptées c’est qu’elles
s’accompagnent d’un dispositif qui fonctionne plutôt efficacement.
Ainsi, aujourd’hui, selon le dernier bilan de l’Assurance maladie,
le délai de paiement des feuilles de soins électroniques (FSE)
(tous professionnels de santé confondus) est en moyenne de 2,89
jours. Une durée qui n’a cessé de se réduire : elle était ainsi de
3,17 jours au second semestre 2018. De la même manière, 90 % des
factures sont désormais traitées en moins de quatre jours, contre
cinq jours au printemps de l’année dernière. Pour tous les
professionnels de santé, la situation s’est améliorée : le délai
est le plus court pour les orthophonistes (2,77 jours en moyenne)
et le plus long pour les masseurs kinésithérapeutes (3,01 jours).
Par ailleurs, on ne note pas de disparités flagrantes en fonction
des CPAM : aucune ne présente de délai supérieur à quatre jours.
Les délais les plus longs sont observés à Mayotte (3,71 jours) et
les plus courts en Guadeloupe et Martinique (2,47 jours).
Pas d’excuses et des compensations très tardives
Ces résultats satisfaisants qui pourraient contribuer à une
conversion (presque) spontanée des professionnels de santé
n’excluent cependant pas quelques dysfonctionnements. La FMF relève
ainsi comment il y a quelques jours, à la fin du mois de juillet, «
le service de traitement des Feuilles de soins électroniques a
subi un incident technique majeur national, perturbant d’une part
l’envoi des ARL (Avis de Réception Logique), mais aussi et surtout
le paiement aux professionnels de santé des actes en tiers
payant ». Si l’incident a pu être assez rapidement résolu, le
syndicat signale néanmoins qu’un « certain nombre de médecins,
qui pratiquent de façon importante le tiers payant, ont vu leur
trésorerie mise en péril… alors que les factures ont continué à
arriver ». Tandis que cet incident rappelle combien pourrait
être périlleux un système de facturation totalement dépendant du
tiers payant, il a également mis en évidence les lacunes majeures
de l’Assurance maladie en termes de communication. En effet, les
excuses ont été rares et locales, tandis qu’au niveau national,
seul un message sibyllin a été diffusé sur EspacePro, dont la
popularité auprès des professionnels de santé n’est pourtant pas
parfaite. Constatant ces limites, la FMF note : « Le seul point
positif, si on peut dire, c’est que des milliers de FSE vont avoir
été payées au-delà du délai réglementaire de 7 jours (…) et donc
entraîner soit une pénalité forfaitaire de 1 euros pour chaque
facture payée le huitième ou le neuvième jour ouvré, soit une
pénalité égale à 10 % de la prise en charge par l’Assurance maladie
calculée pour chaque facture payée à compter du dixième jour
ouvré ». D’ailleurs, compte tenu de l’ampleur de l’incident et
de l’absence de communication claire, la FMF estime que « la
CNAM s’honorerait de payer cette compensation dès à présent »
et non « lors du semestre qui suit celui au titre duquel elles
sont dues ».
La confiance encore à construire
Dans son rapport de 2017, l’Inspection générale des affaires
sociales (IGAS) avait noté que bien que « le processus du tiers
payant AMO est aujourd’hui globalement rapide, fiable et simple
», le frein principal à son extension et au-delà à la
généralisation du tiers payant concernait « la confiance encore
trop fragile des professionnels de santé ». Il semble
qu’aujourd’hui ce diagnostic demeure toujours d’actualité, une
attitude légitimée par la persistance de défauts techniques de la
part de l’Assurance maladie et plus encore de son absence de
communication transparente vers les professionnels.
Le tiers payant est très facile à pratiquer pour tout ce qui est remboursé par les CPAM et aussi les mutuelles inscrites sur la carte vitale du patient (MGEN, CAMIEG etc.). En revanche c’est une galère avec les autres mutuelles et assurances privées (il est quasi impossible de renseigner les bons numéros et j’ai renoncé). Le plus simple serait que toutes les mutuelles soient inscrites sur la carte vitale des patients.
Dr Jean-Pierre Salmona
La psychanalyse se paye pour être efficace
Le 07 août 2019
Le principe même du tiers payant galvaude l'acte et lui enlève toute valeur et crédibilité; la psychanalyse se paye pour être efficace ! De plus ça déresponsabilise les patients et est inflationniste; responsable entre autre à mon avis de la ruée aux urgences non justifiée, ce n'est surement pas le soit disant désengagement des MG car la majorité des actes hors heures d'ouverture sont soit de vraies urgences soit peuvent attendre le lendemain!.. Rien n'est gratuit dans ce monde et ce n'est pas en appauvrissant les médecins et les décrédibilisant que l'on aura une médecine de qualité et des soignants épanouis.
Dr Frédéric Leroy
Le choix des urgences...
Le 12 août 2019
Le week-end , bon nombre de patients avouent préférer aller aux urgences (quitte à raler parce qu'ils ont attendu) plutot que payer le médecin de garde.....