
Tchernobyl, le samedi 17 août 2019 – Une zone d'exclusion d’un
rayon de trente kilomètres autour de la centrale a été mise en
place après la catastrophe de Tchernobyl. Ici, presque plus âme qui
vive en dehors de 300 samossiolys ("colons individuels") qui sont
revenus s’installer en autarcie sur leur lopin de
terre.
Trente-trois ans plus tard, une équipe de scientifiques
d’Ukraine, de Grande-Bretagne et des États-Unis réunis dans un
groupe de recherche baptisé Chernobyl Spirit Company a
élaboré la première bouteille de vodka fabriquée à partir de seigle
cultivé dans ce no man’s land. Cet alcool serait le premier
produit de consommation (très) courante provenant des environs
immédiats du réacteur qui a explosé le 26 avril 1986.
Pas plus radioactif que du champagne de France
Le groupe a retrouvé un élément radioactif dans les grains de
seigles fermentés : le strontium-90, dans des proportions
légèrement supérieures au seuil recommandé en Ukraine (20 Bq/kg).
Mais, grâce à la distillation, ils ont ramené ce taux au « même
niveau que celui auquel on s'attendrait dans toute boisson
spiritueuse » commente le Pr Jim Smith de l’université de
Porthsmouth.
L’eau utilisée pour cette distillation provient de l'aquifère
de la ville de Tchernobyl, qui est, contrairement à ce qu’on
pourrait redouter, « exempte de contamination (…) et dont la
chimie est similaire à celle des eaux souterraines de la région
Champagne en France ».
L’expérience, qui visait à prouver que la région était à
nouveau cultivable est donc concluante. « Nous n’avons pas à
abandonner cette terre, nous pouvons l’utiliser de différentes
manières et pouvons produire quelque chose qui est complètement
débarrassé de résidus radioactifs » explique ainsi le docteur
Gennady Laptev, de l’Institut hydrométéorologique
d’Ukraine.
F.H.