Les urgentistes intérimaires accusés de « racket » par un directeur d’ARS

Mulhouse, le lundi 16 septembre 2019 – Rien ne va plus aux urgences de Mulhouse.

Après la démission de nombreux urgentistes ces derniers mois, dont certains effectuent désormais des gardes en intérim, le directeur général de l'Agence régionale de santé du Grand Est s’emporte et dénonce : « On est face à des gens qui plantent leurs collègues et demandent à se faire réembaucher comme intérimaires, pour entre 1 500 à 2 000 euros par jour. Les urgentistes de Mulhouse ont inventé le racket de groupe ». 

Contraire aux « valeurs du service public » ?

Cette attaque a fait l’objet d’une réponse, sur l’antenne régionale de France 3,  d’un des médecins visés : « Nous ne sommes pas ici par appât du gain (…) sans notre présence et notre polyvalence, au moins une unité fonctionnelle du service (…) aurait déjà fermé » fustige le praticien, qui exerce désormais également dans un hôpital public de Haute-Savoie. 

Sur la question du tarif, le médecin précise : « Les gardes en interim sont assurées au tarif proposé par l'administration, c'est à dire 1 500 euros, contre 175 euros pour un médecin embauché. Ce chiffre peut paraître énorme, mais rapporté à 24 heures, le temps de la garde, vous arrivez à 62,50 euros en taux horaire. Ce qui est quasiment équivalent à ce que touche un urgentiste intégré si vous faites la somme des avantages lissés sur une année. De plus vous n'avez aucune sécurité d'emploi et s'il vous arrive quoique que ce soit, vous n'avez pas de couverture ».

Par ailleurs, il dénonce les carences de l’institution et se déclare « déçu devant l’absence de soutien aux urgentistes » et s’indigne de « propos inqualifiables » d’un directeur sanitaire qui n’aurait pas pris la mesure du phénomène quant à la dégradation des conditions de travail.

Depuis, dans Mediapart, le patron de l’ARS persiste et signe : « on ne peut pas s’opposer à leur démission pour l’instant, car on est la seule entreprise du monde où des salariés peuvent décider de quitter leur travail sans préavis. Mais je leur ai dit, c’est vrai, qu’ils ne pouvaient pas espérer travailler en intérim dans les hôpitaux du Grand Est, qu’ils seraient blacklistés. On a lancé le recrutement d’un chef de service, qui va reconstruire une équipe qui porte les valeurs du service public ».

Rappelons que dans son plan de « refondation des urgences », Agnès Buzyn a promis de s’attaquer à ceux qu’elle qualifie de « mercenaires » de la médecine.

X.B.

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