
Paris, le vendredi 25 octobre 2019 - L’examen du projet de loi
de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 a commencé
ce mardi à l’Assemblée Nationale. Plusieurs amendements importants
ont été votés et les premiers accrochages ont déjà eu lieu.
C’est un premier affrontement remporté par le gouvernement
mais sans doute pas le dernier que connaitra l’examen du PLFSS pour
2020. Ce mardi soir, à l’occasion de la première journée d’examen
du projet de loi, les députés se sont écharpés sur une question
épineuse : l’État doit-il compenser le manque à gagner pour la
Sécurité Sociale provoqué par les baisses de cotisations sociales
décidées par le gouvernement et notamment les 2,7 milliards
"offerts" aux gilets jaunes ?
En commission, les parlementaires de l’opposition mais
également des élus de la majorité avaient rejeté la mesure,
dénonçant une atteinte à l’indépendance de la Sécurité Sociale.
Mais le gouvernement est finalement parvenu à faire adopter la
mesure par l’Assemblée, à une heure du matin dans la nuit de mardi
à mercredi. Pour cela, il a dû faire voter par les députés, à
23h58, un prolongement de séance alors que le règlement du Palais
Bourbon précise depuis mai dernier que les débats ne peuvent en
principe se prolonger au-delà de minuit. Un premier accrochage qui
laissera des traces puisque plusieurs députés de la majorité, dont
le rapporteur Olivier Véran, n’ont pas suivi le gouvernement,
s’abstenant ou votant contre la mesure.
Un incident qui reflète le caractère primordial et éminemment
politique du PLFSS qui est, avec la loi de finances, le texte le
plus important que le Parlement ait à adopter. Chaque année, son
examen est l’occasion pour l’opposition de marquer son rejet de la
politique sociale du gouvernement, dans un sens comme dans
l’autre.
Le financement des urgences au cœur des débats
Autre question primordiale, les députés ont adopté ce jeudi un
amendement soutenu par le gouvernement visant à modifier le
financement des services d’urgence. Le texte, déposé par le député
LREM Thomas Mesnier, ex-urgentiste, vise à répartir les dotations
en fonction de la population du territoire concerné, afin de
réduire les inégalités entre les services. En conséquence, la part
du financement à l’activité va fortement diminuer et sera pondéré
en fonction de la gravité du cas des patients.
Cet amendement intervient alors que les urgences françaises
sont touchées par un mouvement de grève d’envergure depuis mars
dernier. A l’ouverture des débats ce mardi, le ministre de la Santé
Agnès Buzyn a tenu à rappeler son attachement à l’hôpital public,
qu’elle a qualifié de « trésor public », un mois après avoir
dévoilé son plan d’action pour sortir les urgences de la
crise.
Si l’opposition a globalement bien accueilli cette réforme du
financement des urgences, beaucoup, notamment à gauche, craignent
que la mesure soit insuffisante. Aide-soignante de profession, la
députée LFI Caroline Fiat a ainsi dénoncé « un pansement sur une
jambe de bois » (un traitement peu efficace on en conviendra)
tandis que les députés socialistes ont présenté à l’Assemblée un
plan alternatif de financement de l’hôpital public en quatorze
propositions.
Un peu de cannabis pour mieux se soigner ?
Mesure plus consensuelle (en partie probablement parce qu’elle
est moins couteuse), les députés ont largement adopté ce vendredi
l’amendement du député Olivier Véran autorisant une expérimentation
du cannabis thérapeutique. Une étude pourra donc être menée dès
2020 auprès de 3000 patients pour étudier les vertus de cette
substance chez des patients souffrant notamment de certaines formes
d’épilepsie, de douleurs neuropathiques ou de sclérose en
plaque.
Quentin Haroche