
Paris, le jeudi 7 novembre 2019 – « La priorité est de
lutter contre les fraudes et les abus qui dévoient le système »
explique Agnès Buzyn. Le discours du ministre de la Santé
présentant les mesures souhaitées par le gouvernement en matière
d’accès à la santé des étrangers tranche quelque peu avec la
défense que le ministre avait tenté de faire la semaine dernière
d’un système nécessaire pour la santé publique. Agnès Buzyn avait
également eu tendance à considérer certaines déclarations suggérant
l’existence de dérives comme des accusations
fantaisistes.
Cependant, si le ton est légèrement différent aujourd’hui, le
ministre dément tout reniement en rappelant que l’accès aux soins
urgents n’est jamais remis en cause. Néanmoins, le fait qu’ « un
certain nombre de soins et traitements, correspondant à des soins
et prestations programmés et non-urgents, ne seront plus pris en
charge, sauf sur dérogation accordée par le service du contrôle
médical de la CPAM », correspond à une redéfinition du panier
de soins, à laquelle pourtant elle s’était déclarée plusieurs fois
opposée.
Une prorogation des droits restreinte en cas de rejet de la demande d’asile
Pas de fraude majeure
Avant même ces annonces, de nombreuses associations s’étaient
élevées contre ces mesures, bien qu’elles ne signent pas la
disparition de l’AME. Beaucoup d’organisations estiment que ces
dispositions relèvent d’un effet d’affichage, non justifié par les
réalités du terrain. De fait, le rapport de l’IGAS sur l'AME publié
hier à propos de l’AME ne permet nullement de confirmer les
soupçons de fraude majeure parfois énoncés. La mise en évidence de
filières organisées et structurées de tourisme médical n’a pas été
possible, au-delà de l’identification de cas isolés.
Globalement, le nombre de bénéficiaires de l'AME est stable
depuis 2015. Agnès Buzyn a d’ailleurs confirmé que les dérives ne
concernent qu’une « part difficilement chiffrable mais limitée
du système de prises en charge ».
Léa Crébat