
Paris, le mardi 24 décembre 2019 – L’Observatoire français des
drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié les derniers chiffres
de son dispositif TREND qui analyse les dernières tendances dans le
milieu de la drogue. Il conclut à une dégradation des conditions de
vie des toxicomanes.
Ceux qui passent par les stations de métro du nord-est
parisien le savent bien : il est aujourd’hui fréquent, dans les
grandes villes françaises, d’assister à des scènes de consommation
de crack ou d’héroïne en public. Les toxicomanes se cachent de
moins en moins pour consommer leurs produits, signe d’une
dégradation de leur condition de vie, observés par l’OFDT. Grâce à
son dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND),
l’organisme observe chaque année l’évolution de la consommation de
drogue dans les principales villes de métropole.
Selon son dernier rapport, les dernières années ont été
marquées par une dégradation des conditions de vie des toxicomanes
urbains, qui vivent dans une situation de plus en plus précaire,
notamment d’un point de vue sanitaire. L’augmentation des
interventions policières à leur encontre, y compris près des
centres d’accueil spécialisés (CAARUD) et la fermeture des squats
en centre-ville, a conduit les toxicomanes à se réfugier dans des
habitats précaires ou dans des abris de fortune insalubres. Les
centres d’hébergement d’urgence et notamment ceux adaptés aux
usagers de drogue sont saturés.
Des toxicomanes venus du Maghreb et d’Europe de l’Est
Outre celle d’alcool et de cannabis, la consommation des
toxicomanes dépend de la disponibilité des produits sur le marché :
on consomme du Skenan à Lyon, du crack à Paris, de l’héroïne à
Lille. Phénomène nouveau, l’usage récréatif de prégabaline,
médicament prescrit notamment contre les douleurs neuropathiques
obtenu grâce à des ordonnances falsifiés, est en forte hausse
depuis 2017.
Parmi ces toxicomanes urbains, on trouve de nombreux jeunes
précaires (entre 15 et 25 ans) marqués par des ruptures familiales,
des mineurs isolés (MNA) originaires du Maghreb ainsi que de
nombreux hommes originaires d’Europe de l’Est. Chez ces derniers,
on observe une grande prévalence de l’hépatite C, une méfiance
vis-à-vis des structures de soins et une méconnaissance totale des
pratiques de réduction des risques (RdRD). Pour ces usagers de
drogue, la précarité est à la fois la cause et la conséquence de
leur addiction, la drogue étant pour beaucoup le moyen de supporter
leurs conditions de vie et de créer de nouvelles
sociabilités.
Vente à domicile et call center
L’OFDT s’est également intéressé à l’évolution de la
consommation de drogues dans le milieu de la fête. Le développement
d’une scène festive alternative a bouleversé les repaires. Au nom
d’une certaines idéologie libertaire, la consommation de drogues
(cocaïne, MDMA/ectasy et kétamine essentiellement) est en effet
tolérée par les organisateurs de ces soirées d’un genre nouveau,
contrairement à ce qu’il en est dans les établissements festifs
commerciaux. L’OFDT observe cependant que, grâce à une bonne
connaissance en matière de RdRD de la part des fêtards, les
incidents liés à des surdoses y sont rares.
L’OFDT observe également que l’évolution de la toxicomanie
conduit à une diversification du trafic, qui tente de s’adapter à
la demande. Si la classique vente de produits au coin de la rue est
encore très présente dans les cités, on observe, notamment auprès
des usagers les plus aisés, une augmentation de la vente à
domicile. En 2018, la police a ainsi démantelé plusieurs «
call-centers » de drogue en Seine-Saint-Denis. Le «
darknet » est également devenu un haut lieu
d’approvisionnement, notamment pour la MDMA.
Hausse de la consommation de crack
QH