
Paris, le jeudi 2 janvier 2020 – A compter du 2 avril
prochain, les homosexuels hommes n’auront à respecter qu’une
période d’abstinence sexuelle de 4 mois pour donner leur sang,
contre un an actuellement.
L’amour et le don ne vont pas forcément bien ensemble. Pour
les homosexuels hommes, donner son sang implique en effet jusqu’à
maintenant de devoir respecter une période d’abstinence sexuelle
d’un an. Mais selon un arrêté du ministère de la santé publié ce
jeudi, cette période va être réduite à 4 mois à compter du 2 avril
prochain.
Vers un alignement complet des conditions de don
Annoncée en juillet dernier, cette réforme devait initialement
entrer en vigueur dès le 1er février
2020. Mais la consultation des différentes institutions qui
organisent la collecte du sang a pris du retard et la mise en
application de la réforme a donc été décalé de deux mois, notamment
afin de laisser le temps à la Direction générale de la santé
d’imprimer les nouveaux questionnaires que doivent remplir les
donneurs avant le don.
Selon le ministère de la Santé, cette réforme est une première
étape avant un alignement complet des conditions de dons entre
hétérosexuels et homosexuels à l’horizon 2022. Les règles sont
d’ailleurs d’ores et déjà les mêmes pour le don de plasma depuis
2016. Le but de cette période intermédiaire est de s’assurer que
cette ouverture du don aux homosexuels n’augmente pas le risque de
contamination pour les receveurs.
Concilier principe d’égalité et santé des receveurs
Car si les homosexuels masculins font l’objet de règles
spécifiques, c’est parce qu’ils sont plus à risque d’être porteur
de maladies sexuellement transmissible et notamment du VIH. Entre
1983 et 2016, le don du sang leur était totalement fermé. En 2016,
le gouvernement avait supprimé cette interdiction totale en la
remplaçant par une condition d’abstinence d’un an. Les associations
de défense des homosexuels avaient alors dénoncé une discrimination
injustifiée (selon elles). Le Conseil d’État leur avait alors
répondu qu’il ne s’agissait pas d’une discrimination mais d’une
distinction qui reposait non pas sur l’orientation sexuelle mais
sur une pratique sexuelle. La preuve en est que les homosexuels
femmes ne sont pas concernés par ces règles spécifiques.
La décision de faciliter le don du sang pour les homosexuels
intervient alors que l’Etablissement français du sang (EFS) alarme
le public depuis plusieurs mois sur une baisse de ses stocks, qui
s’est accentuée en ce mois de décembre. Le ministère de la Santé a
précisé que cette décision s’appuyait « sur des éléments
scientifiques objectifs et indépendants ». On veut espérer en
tout cas que le politiquement correct et l’égalitarisme n’ont pas
primé sur la sécurité des patients dans cette prise de
décision.
Une question qui divise les européens
Quentin Haroche