La dysménorrhée primaire est définie par la survenue de
douleurs menstruelles en dehors de toute pathologie pelvienne. Il
s’agit d’algies abdominales basses récurrentes, à type de crampes.
Elle affecte 50 à 90 % des femmes et constitue le premier motif de
consultation gynécologique. Elle doit être distinguée des
dysménorrhées secondaires, de même symptomatologie péri menstruelle
mais relevant d’une cause précise : endométriose, fibrome,
adénomyome ou anomalie anatomique congénitale. En dépit de sa
prévalence notable, la dysménorrhée primaire est souvent sous
diagnostiquée et insuffisamment traitée, les femmes la considérant
comme normale et l’acceptant comme une manifestation inéluctable
des menstruations.
La dysménorrhée primaire débute généralement dans
l’adolescence, après l’établissement des premiers cycles
ovulatoires. Les douleurs sont liées à une libération excessive de
prostaglandines lors de la perte de la muqueuse endométriale. De
fait, un taux plus élevé a été décelé dans le tissu endométrial et
le flux menstruel chez les patientes dysménorrhéiques, en
comparaison avec des femmes asymptomatiques. Ce taux notable de
prostaglandines provoque une hypercontractilité du myomètre, d’où
une hypoxie, voire une ischémie relative à l’origine de douleurs et
parfois de signes systémiques associés, tels des nausées ou une
diarrhée. Les conséquences d’une dysménorrhée primaire peuvent être
nombreuses ; elles sont avant tout représentées par un absentéisme
scolaire ou professionnel qui concerne en moyenne une jeune fille
sur huit entre 14 et 20 ans. Elle peut aussi être la cause de
troubles relationnels, d’une baisse de productivité et d’une
moindre qualité de vie.
Bien préciser le caractère primaire des douleurs
Son diagnostic et son évaluation ne nécessitent pas
l’intervention de médecins spécialistes en gynécologie. Dans la
grande majorité des cas, le diagnostic est aisément posé après une
anamnèse rigoureuse médicale, gynécologique et psychologique.
Celle-ci doit préciser l’âge des premières règles, la durée des
saignements et leur importance, l’intervalle entre les
menstruations, les possibles signes associés (algies, nausées,
diarrhée, fatigue générale, retentissement sur les activités du
quotidien…). Le début de la dysménorrhée primaire se situe
typiquement 6 à 24 mois après les premières règles. Des douleurs
menstruelles survenant avant cette date doivent alerter car pouvant
alors évoquer une malformation obstructive du tractus génital qui
doit conduire à un bilan rapide. La douleur de la dysménorrhée
primaire est avant tout médiane, décrite comme des crampes de la
partie basse de l’abdomen et de la région sus pubienne. Des
irradiations péri-abdominales, au niveau des lombes ou des cuisses
sont possibles. Une localisation plus unilatérale doit, là encore,
faire soupçonner une anomalie anatomique. Les symptômes de
dysménorrhée primaire débutent dans les heures précédant ou suivant
les menstruations. Ils sont d’emblée d’intensité maximale et
disparaissent au
2e/3e jour du
cycle. Ils ne se modifient pas avec le temps. De fait, toute
aggravation progressive ou persistance après les règles est très
inhabituelle et doit faire évoquer la possibilité d’une
endométriose ou de toute autre étiologie secondaire. Il en va de
même pour des douleurs survenant dans la partie moyenne du cycle ou
totalement acycliques.
En cas de dysménorrhée primaire, l’examen pelvien est normal.
Il est même non indispensable chez les adolescentes non actives
sexuellement, dont l’histoire clinique est évocatrice et en
l’absence d’autres symptômes, tels qu’infection ou saignement
anormal. Toutefois, la constatation d’anomalies cliniques telles
que douleurs en dehors des règles, élargissement de l’utérus,
déviation latérale du col, septum recto-vaginal nodulaire,
sensibilité utérine persistante doit faire soupçonner une cause
secondaire de dysménorrhée. Il importe aussi d’évoquer une
infection sexuellement transmissible en présence de douleurs chez
les femmes sexuellement actives. Dans le doute, l’échographie trans
vaginale, vessie pleine, est l’examen de choix pour l’évaluation
initiale chez les adolescentes non sexuellement actives et les
femmes jeunes. Elle peut déceler une pathologie annexielle ou
intra-utérine (léiomyome, adénomyome, anomalies mullériennes) mais
n’est pas contributive pour diagnostiquer une endométriose,
étiologie la plus fréquente de dysménorrhée secondaire.
Traitement empirique sans examens complémentaires
En cas de dysménorrhée primaire, le retard au diagnostic et à
la prise en charge thérapeutique est fréquent mais doit être évité
si possible. Un traitement empirique doit être débuté chez
l’adolescente ou la femme jeune non sexuellement active, rapportant
une histoire typique, sans nécessité d’examens complémentaires.
Cependant, la persistance des symptômes sous traitement doit faire
évoquer, ultérieurement, une dysménorrhée secondaire. La même
attitude est à adopter chez les patientes adultes, dont l’examen
clinique est rassurant et qui ne présentent pas, à l’évidence de
pathologie infectieuse. En première ligne, les deux options
thérapeutiques majeures sont le recours aux anti inflammatoires non
stéroïdiens (AINS) ou à la contraception hormonale. De fait, les
contraceptifs hormonaux ont fait la preuve de leur utilité, qu’il
s’agisse des pilules faiblement dosées à 20 µg d’ethinyl estradiol,
des anneaux vaginaux, des patchs transdermiques ou des
contraceptifs hormonaux à longue durée d’action, voire de
progestatifs oraux, type acétate de norethindrone à la posologie de
5 mg/j, (toutefois non approuvés pour la contraception aux USA).
Les agents hormonaux agissent en limitant la croissance du
revêtement endométrial et donc en diminuant la production intra
utérine de prostaglandines. Les AINS sont aussi très efficaces, via
le biais d’une inhibition de la cyclooxygénase. Le naproxène ou
l’ibuprofène, à la posologie de 400 à 600 mg toutes les 6 heures,
sans dépasser une dose maximale journalière de 2 400 mg/j sont très
fréquemment employés jusqu’ au 2e ou
3e jour du cycle. Il importe, notamment
chez les adolescentes, de bien préciser les posologies utiles pour
éviter tout risque de sous ou de surdosage.
En présence de douleurs majeures, il est possible de débuter
la prise d’AINS 1 à 2 jours avant le début de la symptomatologie. A
l’issue de 3 à 6 mois de traitement, la réponse à la thérapeutique
empirique doit être évaluée. Une réponse médiocre ou sous optimale,
malgré une adhérence correcte, doit faire envisager un recours au
spécialiste car jusqu’à 70 % des adolescentes en échec
thérapeutique sont possiblement porteuses d’une endométriose.
D’autres modalités de traitement existent, souvent utilisées
par les patientes elles même : exercices physiques, stimulation
électrique à haute fréquence trans cutanée, bouillotes chauffantes,
interventions diététiques ou à base de plantes…Ces traitements
alternatifs peuvent se révéler utiles, en appoint chez des femmes
ne désirant pas recourir à un traitement pharmacologique.
En résumé, la dysménorrhée primaire est une pathologie fréquente,
sous diagnostiquée et curable. Son diagnostic, à tout âge, est
souvent porté avec retard, alors même qu’elle peut affecter
grandement la qualité de vie et avoir des conséquences notables.
Elle ne nécessite pas, en première analyse, de consultation
spécialisée ou d’imagerie particulière mais la mise en route d’un
traitement empirique par AINS ou contraception hormonale. Un
contrôle partiel ou, a fortiori, une aggravation de la
symptomatologie après 3 à 6 mois de traitement doit amener par
contre à une évaluation plus complète afin d’éliminer une cause
secondaire de dysménorrhée, et avant tout une endométriose. Les
femmes souffrant de douleurs menstruelles ne doivent pas être
ignorées et leur symptomatologie considérée comme
inéluctable.
Je reste sidéré qu'on laisse encore tant de femmes avoir des règles quand on pourrait les en libérer.
Dr PR
La femme est encore faite pour souffrir
Le 07 février 2020
Même dans nos sociétés dites civilisées, c'est normal pour une femme d'avoir mal. A son premier rapport sexuel ou aux autres. Quand elle a ses menstuations. Quand elle accouche...
Car n'oubliez pas, ce n'est pas une maladie, depuis la nuit des temps… bla bla voilà le discours de trop nombreuses personnes, soignants et y sont incluses des femmes aussi qui tiennent ce langage…
Hélène d'Agostino (IDE)
Plainte au TA
Le 08 février 2020
Il faut porter plainte contre Dieu pour malfaçon et la souffrance imposée injustement aux femmes.