
Penser aussi aux carences vitaminiques
Plusieurs études ont aussi montré la très grande fréquence des
carences vitaminiques, principalement en vitamines liposolubles (A,
D, E, K1) et aussi en vitamines B12 et B3. Concernant la vitamine
D, il a même été mis en évidence une corrélation négative entre les
taux vitaminiques et la survie, la survie globale étant augmentée
en cas d’apport de vitamine D (mais pas chez tous les patients).
Cette intervention permet également d’améliorer la densité minérale
osseuse.
En cas de SC, la production élevée de sérotonine puise dans
les réserves de tryptophane, majoritairement utilisé pour la
synthèse de la vitamine B3, ce qui peut aboutir, dans 5 % des cas,
à une pellagre avec atteinte cutanée, diarrhée et démence,
nécessitant alors une supplémentation. La dénutrition peut aussi
abaisser les taux d’éléments trace comme le cobalt, le cuivre, le
fluor, l’iode, le sélénium et le zinc avec des conséquences
négatives possibles sur la cicatrisation, l’humeur ou le système
immunitaire, mais les données sont encore très parcellaires dans ce
domaine.
Les auteurs se sont penchés plus précisément sur les causes de
la dénutrition en détaillant davantage les données sur la diarrhée,
symptôme « phare » des TNE gastro-intestino-pancréatiques.
Il s’agit du cancer lui-même qui accroît le métabolisme, la
résistance à l’insuline, la lipolyse et la protéolyse ; du
métabolisme de la tumeur et de l’inflammation qui induisent la
sécrétion de cytokines augmentant les pertes énergétiques. En
présence de SC, la diarrhée contribue aussi à la dénutrition, tout
comme l’éviction de certains aliments. En cas de localisation à
l’intestin grêle, des phénomènes d’obstruction intestinale peuvent
aussi modifier l’alimentation. Une résection intestinale peut
conduire à une diarrhée et une malabsorption ; peuvent s’y ajouter
des déficits en vitamines, une colonisation bactérienne, une
malabsorption des acides biliaires, une insuffisance pancréatique
exocrine (IPE). Les traitements par analogues de la somatostatine
peuvent aussi provoquer une stéatorrhée due à une IPE.
Plusieurs options thérapeutiques existent pour soulager ces
symptômes. Ainsi la diarrhée due à un SC nécessite, en premier
lieu, une optimisation du traitement par analogues de la
somatostatine. Parfois une désobstruction chirurgicale, une
intervention à visée hépatique (chimio-embolisation de l’artère
hépatique, radiofréquence, etc.) peuvent permettre de réduire la
production hormonale. Un inhibiteur de la tryptophane décarboxylase
a aussi donné de bons résultats. Dans d’autres cas, c’est
l’ondansétron, les inhibiteurs de la pompe à protons, le lopéramide
ou la codéine qui sont utilisés. En cas de malabsorption des acides
biliaires, on propose des résines chélatrices ; une colonisation
microbiennne réclame un traitement antibiotique, une insuffisance
pancréatique externe, des enzymes pancréatiques.
Dr Louise Guisgand