
81 % des professionnels de santé ont une opinion favorable de la démission des chefs de service

Au-delà des dissensions
Certains commentaires provoqués par l’annonce du renoncement de ces chefs de services à leurs fonctions administratives avaient suggéré qu’une action correctrice de la part de ces praticiens pour modifier les organisations défectueuses serait préférable. D’autres ont également pu noter que cette démission apparaît en contradiction avec l’acceptation de leurs postes en toute connaissance de cause. Néanmoins, notre enquête signale que ces perceptions sont très minoritaires et qu’elles ne parviennent pas à entamer un soutien très large, dont l’ampleur est probablement lié au sentiment d’une urgence à agir face à la dégradation réelle des conditions d’accueil des patients et de travail dans les hôpitaux publics. On notera encore que le fait que notre lectorat soit largement composé de professionnels libéraux n’a pas affaibli la force de ce soutien, en dépit des dissensions qui peuvent exister entre l'hôpital et la ville et de la tentation de certains de faire porter une part de la responsabilité des difficultés de l'hôpital sur la désorganisation des soins de ville.Cœur brisé
Sans doute, l’adhésion des professionnels de santé aura été renforcée par les premières réactions à cette vague de démission. Ainsi, les responsables du collectif Inter-Hôpital à l’origine de cette initiative ont fortement déploré les réponses glaciales de certains directeurs d’établissement, refusant totalement de commenter le contexte de ces départs et se contentant d'en prendre acte. Parallèlement, le fait qu’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ne semble pas prévoir de rencontrer avant mars les chefs de service démissionnaires n’a pu que conforter beaucoup d’observateurs dans l’idée d’un mépris des autorités publiques. Ce rendez-vous parisien pourrait cependant être anticipé si la mobilisation prévue le 14 février prochain était particulièrement suivie. La plupart des syndicats représentants les personnels hospitaliers dont ceux fédérant les praticiens appellent en effet à une grève et à une manifestation nationale le jour de la Saint Valentin pour faire entendre une nouvelle fois leurs voix. En attendant cette date, les démissions se poursuivent et les soutiens, au-delà de celui des lecteurs du JIM, sont de plus en plus déterminants : le collectif Inter Hôpital indique en effet aujourd’hui qu’il a obtenu l’engagement des présidents de CME parisiens de ne pas proposer de chefs de service remplaçants.Aurélie Haroche