Covid-19 : l’Italie confinée, le stade 3 « inévitable » en France
Paris, le jeudi 5 mars 2020 - Le Covid-19 poursuit sa
diffusion à travers le monde. Ainsi, l’université John Hopkins de
Baltimore recensait, ce matin, 95 748 cas (80 411 en Chine, 6 088
en Corée du Sud et 3 089 en Italie) et 3 286 décès (3 013 en Chine,
107 en Italie et 92 en Iran) dans le monde.
En France, hier soir, le Directeur général de la santé, le Pr
Jérôme Salomon annonçait que 285 cas ont été confirmés (dont quatre
sont décédés). Dans ce contexte, le Président de la République,
Emmanuel Macron réunira dans l’après-midi les principaux acteurs de
la recherche publique et privée engagés dans la lutte contre le
SARS-CoV-2. L’exécutif présidentiel continue ainsi d'afficher sa
mobilisation face au nouveau coronavirus, alors que le passage au
stade épidémique (également appelé stade 3) paraît «
inévitable » selon les termes de Sibeth Ndiaye, porte-parole
du gouvernement. « Les activités collectives seront alors
fortement impactées », a-t-elle prévenu, même si en pratique,
le flou subsiste. Peut-être faut-il regarder vers l’Italie pour se
donner une idée de ce qui pourrait se passer en France.
Wuhan, c’est en Italie
L’Italie apparaît ainsi désormais « à l’arrêt » selon
les termes du correspondant du journal Le Monde. La mesure la plus
spectaculaire décidée hier est peut-être la fermeture des écoles,
lycées et universités de la botte, qui garderont portes closes
jusqu’au 15 mars.
Une situation que le ministre de l’Education nationale,
Jean-Michel Blanquer, a commentée en faisant part de son
scepticisme et en promettant que rien de tel n’arriverait en
France. Pourtant, le plan du gouvernement souligne qu’au stade 3 :
« une fermeture des écoles peut participer à l’atténuation de
l’impact d’une pandémie ». En outre, il ne s’agit pas d’un
phénomène isolé puisqu’à travers le monde, plusieurs dizaines de
millions d’enfants seraient momentanément privés de scolarité pour
cause de Covid-19.
Conséquence de ces scolarités suspendues, le gouvernement
italien travaille à un texte « qui donnerait la possibilité,
pour un des deux parents, de s’absenter du travail, en cas de
fermeture des écoles, pour garder un enfant mineur ».
Autre mesure radicale : « les manifestations, les
spectacles et les événements de toute nature, y compris
cinématographiques et théâtraux, se déroulant dans n’importe quel
lieu public ou privé, et comportant un afflux de personnes tel
qu’il ne soit plus possible de respecter le principe d’une distance
interpersonnelle d’au moins un mètre » pourraient être très
bientôt annulés.
Masques : des MG se rebiffent
Ces mesures de confinement seraient-elles considérées comme
moins indispensables si d’autres mesures de protection existaient ?
La question se pose avec acuité alors que le monde et la France
font face à une pénurie de masques et autres matériels de
protection. Aussi, pour éviter une raréfaction problématique des
gels hydro-alcooliques et une spéculation massive (déjà à l’œuvre),
l’État français a mis les fabricants autour de la table et entend
leur imposer un prix ne dépassant pas 3 euros pour 100 ml.
Mais cet investissement de l’État n’est pas considéré comme
suffisant. Ainsi, agissant pour un groupe de médecins généralistes,
un cabinet d’avocats parisien a indiqué qu’il allait saisir le
Tribunal administratif de Paris pour exiger que des masques de type
FFP2 soient fournis à tous les médecins généralistes libéraux
exerçants en France.
Dans son référé, Maître Fabrice Di Vizio rappelle que «
face à l'épidémie qu'on ne connaît pas bien, il est urgent de
garantir aux professionnels de santé une sécurité maximale. Les
conditions de l'urgence, de l'utilité de la mesure et que la mesure
ne fasse pas obstacle à une décision administrative étant remplies,
mes clients médecins généralistes demandent de leur fournir, ainsi
qu'à l'ensemble de leurs confrères et consœurs les seuls masques
qui peuvent les protéger efficacement – les masques de type
FFP2 ».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) déplore également
ces ruptures de stock et les conséquences de ces dernières. Elle
rapporte notamment que le prix des FFP2 a triplé et ceux des
masques chirurgicaux sextuplés !
D’après les modèles de l’OMS, les besoins concernant les masques
médicaux, les gants utilisés pour les examens médicaux et les
lunettes de protection sont estimés respectivement à 89 millions,
76 millions et 1,6 million par mois…
Heureusement que nous ne sommes pas dans le cadre d'une épidémie sévère, parce que ce que montre le Covid 19, c'est que nous ne sommes pas capables de réagir rapidement si une grande épidémie devait nous toucher. Libéraux laissés sans masques ni possibilité de dépistage, lits hospitaliers insuffisants, 15 surchargé et aucune structure spécialisée. Il reste à espérer que les instances concernées prennent la mesure de leur attentisme et y remédient.
C'est exactement le genre de situation, pendant une crise, pour tuer la confiance dans le corps médical et les autorités, donc je souhaite vos regards...
Dr Bertrand Carlier
Première ligne
Le 05 mars 2020
Nous paramédicaux qui sommes en premieres lignes aussi, doit on se résigner à être contaminés et à répandre le virus !