
Après avoir surclassé les joueurs de Dortmund au cours d’un huis clos surréaliste, les parisiens ont célébré la victoire devant des milliers de supporters rassemblés devant le stade vide, en dépit des préconisations officielles du gouvernement. Quelques jours plus tard, l’UEFA annonçait la suspension jusqu’à nouvel ordre de la compétition.
Le monde sportif n’est en effet évidemment pas épargné par les conséquences de l’épidémie de Covid-19. En cette année olympique, le monde sportif s’interroge sur l’impact à long terme de cette catastrophe sanitaire planétaire.
L’Euro 2020… en 2021
C’est tout d’abord dans le monde du football que les répercutions ont été constatées. La suspension du championnat italien et l’impossibilité matérielle pour les clubs de se déplacer ont rendu impossible le maintien des compétitions européennes. Dans un effet domino, les championnats français, espagnols, anglais, belges, allemands, néerlandais et portugais ont été suspendus sine die.Conclusion logique, l’Euro 2020, qui devait se tenir du 12 juin au 12 juillet 2020, ainsi que la Copa América, ont été reportés à l’année prochaine.
Le tournoi de Roland Garros reporté « à la hussarde »
Dans le monde du tennis, l’étincelle fut déclenchée par l’annonce surprise de l’annulation du tournoi d’Indian Wells qui devait se tenir en Californie du 12 au 22 mars. Dans la foulée, de nombreux tournois comptant pour le calendrier ATP (masculin) et WTA (féminin) ont dû emboiter le pas (Miami, Monte Carlo, Madrid et Rome…).Mais même dans les crises internationales, on trouve parfois des moments de frictions.
Ainsi, les organisateurs des Internationaux de France (qui devaient se tenir du 24 mai au 7 juin) ont annoncé de manière unilatérale le report de la compétition du 20 septembre au 4 octobre 2020.
Le choix de la Fédération Française de Tennis (en charge de l’organisation du tournoi de Roland Garros) a fait grincer les nombreux autres acteurs de ce sport.
D’une part, ce changement a été opéré sans aucune consultation des joueurs, contraints potentiellement de commencer une saison sur terre battue une semaine après la fin de l’US Open (l’enchainement des surfaces étant un facteur important de blessures).
D’autre part, l’ATP et la WTA s’émeuvent de ne pas avoir été consultées avant cette prise de décision (qui risque de provoquer l’annulation de nombreux autres tournois prévus à cette période).
Enfin, cette date imposée par la FFT risque d’être un crève coeur pour Roger Federer, qui organise à la même période la très lucrative et nouvelle « Laver Cup », qui a pour ambition de réunir les meilleurs joueurs du circuit. Tony Godsick, l’agent de l’homme aux 20 tournois du Grand Chelem, a d’ores et déjà indiqué qu’il n’était pas question de reporter cette rencontre prestigieuse.
Reste une dernière inconnue tennistique : l’éventuel report ou annulation du tournoi de Wimbledon (ce qui constituerait une première depuis la seconde guerre mondiale).
Les Jeux Olympiques menacés ?
Aucun sport n’est désormais épargné par la cascade d’annulations : en Europe, aux Etats-Unis et en Chine les compétitions de basket, handball, cyclisme et Formule 1 sont totalement à l’arrêt.Reste la question des Jeux Olympiques qui, pour l’instant, demeurent maintenus à la fin du mois de juillet.
De nombreux athlètes s’interrogent toutefois sur l’opportunité d’un maintien.
Tout d’abord, les sportifs invoquent un argument de simple bon sens. Comme l’indique le décathlonien Kevin Mayer dans l’Equipe : « je n’ai pas les informations et les connaissances médicales nécessaires (…) mais je suis très matheux et, d’après les graphiques, la pandémie est loin d’avoir atteint son pic. Je ne vois pas comment on pourrait en être totalement sortis d’ici à juillet ». La situation est observée avec d’autant plus d’inquiétude que l’hémisphère sud risque sérieusement d’être touché par la vague épidémique au début de l’été.
Mais l’autre argument en faveur d’un report est beaucoup plus terre à terre : à l’heure actuelle, les nombreux tournois de qualifications pour les Jeux ne peuvent tout simplement pas se tenir.
Le CIO maintien à ce stade « qu’il n’est pas nécessaire de prendre de décisions radicales » à quatre mois des Jeux. Mais cette déclaration provoque l’ire de certains membres sportifs du comité, et notamment de l’ancienne hockeyeuse sur glace Hayley Wickenheiser qui a fustigé la position « insensible et irresponsable » de son instance.
La dernière annulation des jeux olympiques dans l’histoire remonte à 1940. Les jeux devaient alors se tenir également à Tokyo.
Des sportifs touchés
Fort logiquement, les sportifs ne sont pas épargnés par la maladie.Le 11 mars, le pivot de l’équipe Utah Jazz Ruddy Gobert a ainsi été contrôlé positif au coronavirus.
Quelques heures avant l’annonce du diagnostic, celui-ci avait minimisé l’impact de l’épidémie en touchant de manière volontaire l’ensemble des micros des journalistes lors d’une conférence de presse. Ce dernier a par la suite présenté ses excuses pour son comportement.
En France, le champion du monde de football Blaise Matuidi, a également été contaminé. Dans un message, ce dernier a appelé les Français à la « discipline » face à l’épidémie.
Le stars sont également mises à contribution pour répandre les messages de sensibilisation sur les gestes barrière, à l’image des joueurs du Paris Saint Germain.
C.H.