
Une étude publiée sous la forme d’une lettre à l’éditeur dans le New England Journal of Medicine du 17 mars 2020 s’est attachée à comparer le SARS-CoV-2 et le SARS CoV, responsable d’une épidémie en 2003 sous l’angle de leur stabilité et viabilité au sein des aérosols et sur diverses surfaces solides.
Deux souches de virus ont été utilisées, respectivement SARS-CoV-2 nCoV-WA1- 2020 (MN985325.1) pour le SARS-Cov-2 et SARS-CoV-1 Tor2 (AY274119). Des aérosols (< 5 μm) ont été fabriqués à l’aide d’un nébuliseur avec des doses infectantes de virus c’est-à-dire les doses entraînant une diminution de 50 % de la population de cellules tissulaires par effet cytopathogène (TCID50 pour 50 % tissue culture infectious dose).
Recherche dans l’air et sur cinq supports solides
Dix situations expérimentales ont été reproduites avec les deux virus dans cinq environnements différents : aérosols, plastique, acier inoxydable, cuivre et papier-carton. Tous les résultats sont une moyenne de trois mesures effectuées sur ces « supports ». Tout au long des expériences d’une durée de 3 heures, SARS-CoV-2 et SARS-CoV-1 sont restés viables, mais avec une diminution de leur potentiel infectant, la TCID50 passant respectivement de 103,5 à 102,7 et de 104,3 à 103,5 par ml.Trois heures dans l’air, 72 heures sur l’inox
Bref, lavez-vous les mains !
Que faut-il retenir de cette lettre à l’éditeur ? Trois points essentiels : en premier lieu, en termes d’activité virale mesurable in vitro et de viabilité au sens virologique du terme, les deux virus se comportent comme des frères ennemis… de l’humanité. De ce fait, si leurs caractéristiques épidémiologiques différent quelque peu, c’est ailleurs qu’il faut chercher l’explication, du côté de la charge virale dans les voies respiratoires supérieures et de la contagiosité in vivo à partir des sujets asymptomatiques mais infectés par exemple. Par ailleurs, ces résultats témoignent de la réalité de la transmission par les objets contaminés, dès lors que la demi-vie de l’activité virale semble bien excéder quelques heures que ce soit en aérosols ou sur la plupart des supports solides.Il ne faut pas cependant confondre viabilité virale et contagiosité : à cet égard, s’il semble que les deux virus aient la vie dure sur certains supports, il faut souligner que c’est à l’état de traces dont la contagiosité est plus que douteuse. Ces résultats sont déjà intégrés dans l’une des mesures barrières phares qu’est le lavage fréquent des mains. En suspension sèche dans l’air sous forme d’aérosol – rien à voir avec les gouttelettes émises in vivo au cours de la toux et des éternuements- le temps de survie des deux virus est de l’ordre de 3 heures. Ce qui ne veut pas dire que le virus est dans l’air où il ne saurait survivre en l’absence de toute bouée…
Ces résultats à prendre avec des pincettes compte tenu de la méthodologie utilisée ne sauraient alimenter la psychose collective qui prend de l’ampleur chaque jour : ils ont valeur d’orientation pour justifier les mesures drastiques actuelles sans qu’il soit pour autant nécessaire de trop les durcir au point de faire flamber la psychose et ses conséquences. C’est le personnel soignant qui est au demeurant le plus exposé à la contamination par les objets : une notion qui peut être assimilée par le grand public s’il est correctement informé.
Dr Philippe Tellier