
Dans une série chinoise de 9 femmes enceintes atteintes de COVID-19, les recherches de virus étaient négatives tant dans le sang du cordon que dans le liquide amniotique ou dans la gorge des nouveau-nés.
Une publication du JAMA, elle aussi chinoise, rapporte
cependant le cas d'une femme-enceinte de 29 ans, primipare,
atteinte de COVID-19 fin janvier, au terme de 34,2 SA. Elle est
hospitalisée le 2 février et traitée par antibiotiques,
corticostéroïdes et antiviraux. La publication précise que 4
prélèvements naso-pharyngés successifs sont positifs (RT-PCR) entre
le 10 février et le 1er mars.
Le 21 février les taux d'immunoglobulines anti SARS-CoV-2 sont
: IgG = 107,89 AU/mL et IgM = 279,72 et le 29 février : IgG =
116,30 et IgM = 112,66.
La recherche virale dans les sécrétions vaginales est
négative, ainsi que celle qui sera réalisée dans le lait
maternel.
Des IgM dans le sang du nouveau-né
L'enfant pèse 3 120 g, Apgar 9 à 1 min, et 10 à 5 min, et ne
présente aucun symptôme anormal. Il est immédiatement mis en
quarantaine dans une unité de soins intensifs.
Dans le prélèvement fait 2 heures après la naissance on
retrouve des immunoglobulines anti-SRAS-CoV-2, des IgG = 140,32
AU/mL et des IgM = 45,83 AU/mL, il y a une élévation des cytokines
(IL-6, IL-10) et des leucocytes : 18,0 (3,5-9,5). Le scanner
thoracique est normal.
Le nouveau-né est transféré dans un service de pédiatrie
conformément au protocole. Les 5 prélèvements naso-pharyngés qui
sont faits entre le 24 février et le 9 mars sont tous négatifs. La
sérologie faite le 7 mars retrouve des taux d'immunoglobulines
anti-SARS-CoV-2, des IgG = 69,94 AU/mL et des IgM = 11,75 AU/mL.
L'enfant quitte le service de pédiatrie le 18 mars.
Il est noté une diminution modérée des opacités pulmonaires sur le scanner thoracique maternel, sans qu'aucune autre précision ne soit apportée quant à l'évolution de l'état de santé de la mère.
La présence de IgM anti SARS-CoV-2 dans le sang du nouveau-né évoque la possibilité d'une infection intra-utérine, les IgM maternelles ne passant pas, normalement, la barrière placentaire. La mère était infectée depuis au moins 23 jours lors de son accouchement. Il ne s'agit vraisemblablement pas non plus d'une infection contemporaine de la naissance : l'analyse du prélèvement fait chez le nouveau-né 2 heures après sa naissance, retrouve des anomalies biologiques évoquant une inflammation et des IgM qui ne peuvent apparaître que 3 à 7 jours après la contamination.
Il s'agit, bien sûr, d'un unique cas (ou d'un cas unique). Malheureusement aucune recherche virale n'a été effectuée ni sur le sang du cordon, ni dans le liquide amniotique, ni sur le placenta. D'autres résultats à venir confirmeront ou infirmeront ceux-ci.
Dr Catherine Vicariot