Paris, le mardi 31 mars 2020 - Alors que les réseaux de
pharmacovigilance ont alerté sur des effets indésirables graves
(voire des décès en cours d’investigation) en lien avec
l’utilisation hors AMM et sans contrôle médical du Plaquenil
(hydroxychloroquine) et dans une moindre mesure du Kaletra
(lopinavir/ritonavir), l’ANSM (Agence nationale de sécurité du
médicament) publie des recommandations de bon usage de ces
médicaments dans le cadre de la pandémie de Covid-19.
Pas d’automédication : ça vaut aussi pour les médecins
A l’instar des Académies de médecine et de pharmacie,
l’institution sanitaire rappelle en préambule qu’à ce jour, aucun
médicament n’a apporté la preuve formelle de son efficacité dans le
traitement ou la prévention du Covid-19.
Par conséquent, « l’utilisation du Plaquenil
(hydroxychloroquine) ou du Kaletra et de son générique
(lopinavir/ritonavir) pour la prise en charge des patients atteints
de COVID-19 doit se faire prioritairement dans le cadre des essais
cliniques en cours » énonce l’ANSM.
Aussi, en préambule, l’ANSM prévient « en aucun cas ces
médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur
prescription d’un médecin de ville, ni en auto-prescription d’un
médecin pour lui-même ».
Plaquenil : 600 mg par jour pendant 10 jours
Tout en répétant qu’un usage en dehors des essais en cours et
des prescriptions hospitalières pour des formes graves est donc
exclu, l’ANSM donne cependant des précisions concernant la
posologie.
La posologie de l’hydroxychloroquine chez l’adulte déjà testée
dans des essais cliniques dans le traitement de l’infection à
SARS-CoV-2 est de 600mg par jour (soit 3 comprimés de 200mg par
jour, la dose maximale prévue par l’AMM du Plaquenil en France). La
durée du traitement ne doit pas dépasser 10 jours estime l’ANSM. «
Les comprimés sont à prendre à la fin des repas » précise
l’ANSM.
Une autre posologie est actuellement testée dans le cadre de
l’essai européen DISCOVERY chez des patients hospitalisés avec une
surveillance de l’ECG et des concentrations plasmatiques : dose de
charge le premier jour de 400 mg deux fois par jour puis une dose
quotidienne de 400 mg en une prise par jour pendant 9 jours.
Concernant cette posologie, elle « ne doit s’envisager que dans
l’environnement sécurisé d’un essai clinique » tranche
l’ANSM.
A propos de la médiatique association de l’hydroxychloroquine
avec l’azithromycine qui expose à un risque majoré d’allongement du
QT, l’Agence martèle une fois encore qu’elle ne doit être envisagée
que dans le cadre d’essais surveillés.
Sans revenir en détail sur toutes les contre-indications et
interactions du Plaquenil que nous avons déjà largement évoquées
dans nos colonnes, soulignons que l’ANSM rappelle que « le suivi
des patients traités par hydroxychloroquine doit notamment
comprendre une surveillance électrolytique (kaliémie, magnésémie)
et une surveillance de la glycémie et un monitoring cardiaque chez
les patients avec facteurs de risque d’allongement de QT », ce
qui exclut, a priori, la prescription en médecine de
ville.
Un autre point, peu rapporté celui-ci, l’ANSM recommande, «
par mesure de précaution » une contraception chez les hommes
et les femmes en âge de procréer pendant le traitement et jusqu’à 8
mois après l’arrêt du traitement. En outre, l’hydroxychloroquine
est contre-indiquée pendant l’allaitement.
Kaletra 200mg/50 mg deux fois par jour entre 10 et 14
jours
Concernant le Kaletra, un antirétroviral associant les
molécules lopinavir et ritonavir, l’ANSM est moins disert. Certains
points sont à retenir cependant en particulier concernant la
posologie. La dose de lopinavir/ritonavir retenue serait la même
que celle du traitement de l’infection à VIH à savoir chez l’adulte
: deux comprimés de lopinavir/ritonavir 200mg/50 mg deux fois par
jour pendant 10 à 14 jours.
Le Kaletra peut également être source de nombreuses
interactions médicamenteuses puisque le ritonavir et le lopinavir
sont deux molécules inhibitrices de l’isoforme CYP3A du cytochrome
P450. Il interagit en particulier avec les molécules sédatives, ce
qui risque de rendre difficile son utilisation en
réanimation.
Les effets indésirables les plus fréquents attendus sont
notamment les troubles digestifs et en particulier en début de
traitement (diarrhée, nausées voire vomissements). Les effets
indésirables sévères identifiés sont les pancréatites, atteintes
hépatiques et allongement de l’intervalle PR. Lopinavir/ritonavir
est donc contre-indiqué en cas d’insuffisance hépatique sévère,
chez les patients présentant une cardiomyopathie sous-jacente ou
chez des patients recevant des médicaments connus pour allonger
l’intervalle PR.
Pour ces deux médicaments (Plaquenil et Kaletra), l’ANSM exhorte
surtout les professionnels de santé à déclarer tout effet
indésirable suspecté via le système national de déclaration.
Tout Sauf l'HydroxyChloroQuine, et Tout Sauf en Ville. Le péril ne vient que de là. C'est le slogan des Hauteurs Éclairées unies dans leur science et leur sagesse, toutes deux infinies, vrais principes de précaution incarnés. Les morts par centaines, c'est la potion diabolique du Panoramix de Marseille qui les causeraient, pas le covid 19. Qu'on se le dise. On a transformé une proposition thérapeutique assez bénigne, qui marche peut être, si on s'astreint à quelques précautions de bas niveau (mesurer QT, le corriger selon des abaques, mesurer la kaliémie, éventuellement la magnésémie), en un plan satanique destiner à un assassinat en masse par des incompétents. Il est vrai que les propositions de Raoult (dépistage de masse, diagnostic scanner de masse, traitement de masse) implique d'en passer par tout le système de santé, y compris l'ambulatoire, et oblige de penser au delà des ressources du seul hôpital public. De plus il oblige plus avant l'État tout entier à confiner plutôt les malades que les bien portants. Insupportable pour ceux qui sont persuadés que l'État, c'est eux, puisqu'ils en sont les authentiques servants et en connaissent le seul mode d'emploi possible. C'est contre cette opération de pensée que se mobilise tout l'appareil administratif de l'État, d'une façon qui devient dès lors caricaturale, jetant leur glaive dans le plateau de la balance, vae victis, malheur aux vaincus. Sauf que les vaincus, ça pourrait bien être nous tous. Et les politiques élus, les ministres, les gouvernants (sic) ? Ils courent après le char de l'État, ses conseils, ses comités, ses agences, qui marchent si bien sans eux. Allez, on leur fera une petite place s'ils sont bien sage et disent ce qu'il faut, il faudra bien, le moment venu des responsables à écharper, le jour d'après, les ministres ça sert à ça, et même les Présidents.... Dans ce théâtre d'ombres, après tout, ce sont les acteurs qu'on voit, pas le metteur en scène, les techniciens, les régisseurs, les machinistes, ni les auteurs du reste.
Dr Gilles Bouquerel
Informations très actuelles sur un essai clinique proposé par la Carmf