
1 300 patients et 33 établissements
C’est l’objet d’Hycovid dont la question principale est « l’hydroxychloroquine a-t-elle un impact chez les patients Covid à haut risque d’aggravation ? ». L’étude bâtie avec une rapidité exceptionnelle est un essai en double aveugle qui doit inclure 1 300 patients, répartis dans 33 établissements (15 CHU, 17 hôpitaux non-universitaires et un établissement privé). La plupart de ces structures se situent dans l’Ouest de la France, où existe un « réseau de collaboration (…) bien établi », tandis que dans l’Est l’engorgement des établissements rend plus complexe la mise en œuvre d’un tel essai a détaillé Vincent Durbé.Administration précoce et dans des formes non graves
Des critères d’éligibilité stricts ont été déterminés. L’infection par SARS-CoV-2 devra être mise en évidence par test PCR « ou à défaut par scanner thoracique » et le diagnostic devra avoir été établi « depuis moins de 48 heures ». Les patients devront présenter « au moins un des deux facteurs de risque d’évolution compliquée suivants » : être âgé de plus de 75 ans ou présenter une « oxygénodépendance avec saturation capillaire périphérique en oxygène ≤ 94% en air ambiant ». Les patients pour lesquels l’hyrdoxychloroquine représente un risque de toxicité élevée sont exclus et la survenue d’effets secondaires cardiaques graves conduira à la suspension de l’étude. « Une des forces de cette étude, c’est qu’elle va inclure des patients atteints d’une forme de la maladie non grave mais à risque élevé d’évolution défavorable, comme certaines personnes âgées. Nous traiterons donc les personnes précocement, ce qui est probablement un élément déterminant de la réussite de la prise en charge », observe cité par Ouest France, le professeur Durbé. De fait, de nombreux observateurs ont insisté sur la nécessité de disposer de données concernant l’action de l’hydroxychloroquine dans les formes non encore graves et administrée au début de l’infection, alors que pour l’heure les essais et les utilisations autorisées se limitent aux formes sévères.Un stock utilisable sans délai
Des preuves statistiques fortes attendues
Les premiers résultats de l’étude devraient être disponibles dans quelques semaines, à l’instar des premières données de l’essai européen Discovery (dont il est proche, mais dont les critères d’éligibilité des patients ne sont pas exactement similaires, puisque Discovery privilégie l’inclusion de formes graves). « Dès qu’on a une preuve statistique forte, on peut arrêter les inclusions, l’analyser et la publier très vite. Et éviter d’exposer trop de patients inutilement. Mais ça ne sera pas une tendance. Ça s’arrêtera avec une réponse solide et formelle » a promis Vincent Durbée. Cet essai dont le coût atteint 850 000 euros est pour l’heure pratiquement intégralement financé par le CHU d’Angers qui espère bénéficier de soutiens publics et qui a lancé un appel à la générosité du grand public via une collecte de fonds.Aurélie Haroche