
Chez les patients atteints d’un Covid-19 la détection du
coronavirus par RT-PCR permet d’affirmer rapidement le diagnostic –
en général en 24 heures- et sa disparition signe la guérison
virologique qui peut d’ailleurs tarder quelque peu par rapport à la
disparition des symptômes de la maladie. Les prélèvements sont
habituellement effectués par écouvillonnage nasal, mais il est
également possible de rechercher le SARS-CoV-2 dans des
échantillons de salive provenant de l’oropharynx postérieur : cette
dernière pratique mieux tolérée par le patient expose également
moins le soignant au risque de contamination, de sorte qu’elle
mériterait sans doute d’être développée. Par ailleurs, la réponse
sérologique à l’agression virale est encore mal documentée, alors
qu’il s’agit là d’une voie d’avenir dans le contrôle de la pandémie
et l’identification des sujets immunisés.
Charge virale forte dès le début de la phase symptomatique
Une étude de cohorte réalisée dans deux hôpitaux de Hong Kong
s’avère à ce titre doublement intéressant dans la mesure où elle a
recherché une corrélation entre la sérologie virale et la charge
virale (RT-PCR quantitative) dans des échantillons provenant de
sources diverses : salive de l’oropharynx postérieur, prélèvement
nasopharyngé ou rectal, sang et urine. Des dosages
immuno-enzymatiques ont permis de mesurer les taux sériques
d’anticorps dirigés contre deux antigènes du SARS-CoV-2 : la NP
(nucleoprotein)- protéine interne- et le RBD (receptor
binding domain) – protéine de surface-, ce dernier étant porté
par les spicules protéiques qui forment la couronne du virus,
lesquelles lui permettent de s’amarrer à la cellule proie. Enfin,
un séquençage du génome viral a été effectué à la recherche de
mutations éventuelles. Entre le 22 janvier et le 12 février 2020,
sur les 30 patients considérés comme éligibles, seuls 23 (dont dix
formes sévères) ont été retenus pour constituer la cohorte finale
(âge médian 62 ans [37 à 75]).
Sérologie : à partir du dixième jour
Les taux des anticorps n’ont commencé à s’élever qu’à partir
du dixième jour. Chez les patients dont les dosages ont été
pratiqués jusqu’au 14ème jour, la positivité en % se décline ainsi
selon le type d’anticorps : (1) anti-NP IgG (n=15) : 94 % ;
(2) anti-NP IgM (n=14) : 88 % ; (3) anti-RBD IgG (n=16) : 100 % ;
(4) anti-RBD IgM (n=15) : 94 %. Les taux d’anticorps IgG
anti-SARS-CoV-2-NP ou anti-SARS-CoV-2-RBD ont été étroitement
corrélés aux titres des anticorps neutralisants (R² >0,9).
Aucune mutation génomique n’a été décelée sur les prélèvements
itératifs.
Cette étude d’observation plaide en faveur d’un autre mode de
recherche du SARS-CoV-2 : la salive de l’oropharynx postérieur
produite par le patient lui-même en sa raclant l’arrière-gorge
pourrait faire aussi bien que l’écouvillonnage nasopharyngé ce qui
reste à confirmer sur une plus grande échelle. Cette technique
présente deux avantages : elle est plus confortable pour le patient
et elle diminue aussi l’exposition du préleveur à la contamination.
Par ailleurs l’étude montre qu’à la différence de l’infection à
SARS-CoV-1 et à MERS-CoV, le Covid-19 se caractérise par une
charge virale maximale au moment où la maladie commence à
s’exprimer cliniquement (alors que, dans le cas des deux autres
viroses, la charge virale est maximale entre le
7ème et le 10ème
jour).
Dr Philippe Tellier