
Comment faire pour rester en forme durant cette période où il est impossible de se rendre dans un centre d’entraînement ? La plupart des compétiteurs essayent de maintenir le contact avec le public en diffusant des vidéos sympathiques de leur vie loin des terrains.
Mais pour certains, la suspension des compétitions internationales est surtout une période de tentation.
La lutte contre le dopage à l’arrêt
Confinement oblige, plusieurs organisations antidopage sont dans l’obligation de s’adapter aux restrictions de déplacement imposées par les gouvernements et ne peuvent plus assurer leur mission normale de contrôle.Ainsi, comme le rapporte Eurosport, l'agence chinoise de lutte contre le dopage Chinada a annoncé la suspension momentanée de ses activités.
Des décisions similaires ont été prises en France, aux États-Unis ou encore en Allemagne (un certain nombre de médecins et infirmiers travaillant pour l’agence française de lutte contre le dopage ont même été réquisitionnés pour combattre la maladie) !
Pour le Docteur Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport, cette période sans contrôle va permettre à certains athlètes peu scrupuleux de tirer un certain bénéfice à long terme grâce au dopage : « les athlètes qui se dopent vont garder le bénéfice de ce qu'ils ont acquis pendant leur entraînement (…) c'est le principe de base de tous les produits que l'on prend en cure : on garde ce que l'on a acquis pendant la période de dopage après. Le principe de l'entraînement, c'est ça : en s’entraînant vous améliorez vos capacités physiques. Or avec l'EPO par exemple, vous allez les améliorer un peu plus. Et vous allez garder ce plus. »
Christophe Bassons, cycliste et pionnier de la lutte anti-dopage, constate pour sa part dans Le Monde : « pour ceux qui veulent bricoler tranquille, le moment est opportun. Dans un sport de force, on peut prendre de la masse musculaire, et une fois qu’on l’a acquise, on ne la perd pas ». L’effet pourrait être dévastateur en particulier dans les disciplines déjà entachées par le dopage et plus encore pour la santé des sportifs.
L’Agence mondiale antidopage se veut rassurante en indiquant vouloir renforcer les contrôles à la fin du confinement.
Mais du coté de l’Agence américaine de lutte anti-dopage, on reconnait volontiers un risque élevé pour les compétitions sportives à venir : « il est évident que les athlètes vont faire de leur mieux pour ne pas laisser passer une opportunité pareille » affirme notamment Travis Tygart, directeur de l’agence.
Il est vrai que certains athlètes disposent des ressources nécessaires pour maquiller la présence des produits dans l’organisme…
Et la santé des sportifs ?
Un autre sujet d’inquiétude commence à émerger : la prise de certains produits peut-elle être un facteur de risque d’infection par SARS-CoV-2 ?Ces interrogations reposent notamment sur le fait, comme le souligne le Dr de Mondenard, que la prise de corticoïdes peut favoriser les infections. Ainsi, le médecin rappelle les épidémies de zona ou de conjonctivite ayant pu mystérieusement apparaître à l’occasion de certaines compétitions cyclistes.
Autre source d’inquiétude similaire : la prise d’amphétamines, de béta-bloquants ou de cortisone…
Une nouvelle démonstration de la dangerosité du dopage au-delà des considérations éthiques.
CH