Rick Bright, le médecin qui s’oppose à l’administration Trump

Washington, le vendredi 15 mai – Un ancien haut responsable du ministère de la Santé a dénoncé la mauvaise gestion de l’épidémie par le gouvernement américain. Au Royaume-Uni, chaque nation gère désormais la pandémie de son côté.

Les Etats-Unis ont une longue tradition de « whistleblower » (lanceurs d’alerte), ces fonctionnaires qui dénoncent de l’intérieur les agissements coupables de l’administration. La crise du coronavirus a déjà le sien : Rick Bright, immunologiste réputé, a témoigné pendant plus de trois heures ce jeudi devant une commission de la Chambre des Représentants pour dénoncer les agissements de l’administration Trump depuis le début de la crise sanitaire.

« Je crains que la pandémie ne s’aggrave »

Ancien directeur du BARDA, une agence du ministère de la santé chargé de lutter contre le bioterrorisme et les épidémies, le médecin a expliqué aux élus avoir alerté dès janvier ses supérieurs en vain sur le manque de masques et de respirateurs dans le pays, en cas d’épidémie. « Je n’ai eu aucune réponse. Des vies ont été perdus à cause de l’inaction du gouvernement » explique le médecin.

Le docteur Bright a également dénoncé le manque de transparence et la mauvaise communication du gouvernement. « Les gens n’ont pas été préparés à l’épidémie comme il se doit ». Alors que 87 000 Américains ont déjà perdu la vie, l’immunologue ne s’est pas montré très optimiste pour la suite des évènements dans le pays. « Si nous ne parvenons pas à élaborer une réponse nationale coordonnée, je crains que la pandémie ne s’aggrave. L’hiver 2020 sera le plus sombre de l’histoire moderne » a-t-il déclaré sur un ton quelque peu alarmiste. Il a également contesté les propos du docteur Antony Fauci, qui pense qu’un vaccin pourra être élaboré d’ici un an. « Je crois que cela va prendre plus de temps ».

Débarqué pour s’être opposé à Trump ?

Débarqué de son poste le 20 avril dernier, le docteur Bright explique avoir été puni pour avoir refusé de faire la promotion de l’hydroxychloroquine, présenté comme un remède miracle par le président Trump. Il a également dénoncé des conflits d’intérêt au sein de l’administration, des hauts fonctionnaires ayant tenté d’obtenir des financements publics pour une firme pharmaceutique dirigés par leurs amis et qui tente de développer un traitement expérimental contre le Covid-19, le EIDD-2801.

Depuis le début de sa croisade, Rick Bright a obtenu le soutien de plusieurs élus démocrates. De son côté, le président Donald Trump a expliqué qu’il n’avait « jamais entendu parler du docteur Bright » mais qu’il avait l’air « d’un employé mécontent qui n’a pas fait du bon travail ».

Un Royaume désuni

Au Royaume-Uni, le déconfinement se fait en ordre dispersé. Les Anglais, désormais appelés à « restez vigilant », peuvent, depuis ce mercredi, sortir de chez eux pour aller à la plage, faire du tennis et surtout pour travailler quand ils ne peuvent pas le faire à distance. Mais le Pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande du Nord, autonomes en matière de santé, en sont quant à eux resté à la consigne précédente, « restez chez vous » et n’envisagent pas encore de déconfiner.

Si les quatre nations constitutives du Royaume-Uni avaient décidé ensemble d’entrer en confinement le 24 mars dernier, elles gèrent désormais l’épidémie chacune de leur coté. « J’aimerais que le gouvernement britannique précise s’il parle au nom de l’Angleterre ou de l’ensemble du Royaume-Uni » déplore Mark Drakefold, Premier Ministre du Pays de Galles. Nicola Sturgeon, chef du gouvernement écossais, a dénoncé un plan de déconfinement britannique « vague et imprécis » alors que certains responsables locaux demandent que soient mis en place des contrôles à la frontière, pourtant officiellement inexistante, entre l’Angleterre et l’Écosse.

Le sens des priorités au Missouri

La situation est particulièrement confuse en Irlande du Nord, en raison de la proximité avec la République d’Irlande, qui semble mieux gérer l’épidémie que le voisin britannique. Bien qu’unioniste et donc favorable au maintien dans le Royaume-Uni, le Premier Ministre Arlene Foster s’aligne de plus en plus sur la politique sanitaire de Dublin, refusant donc de suivre les recommandations de Londres.

Terminons ce tour du monde sur une anecdote macabre. Alors que tous les États américains ont suspendu les exécutions capitales durant l’épidémie, le Missouri a décidé que le coronavirus n’empêchera pas la justice de suivre son cours. Mardi prochain, Walter Barton sera ainsi exécuté par injection létale…en respectant la distanciation sociale. L’administration pénitentiaire locale a expliqué que le nombre de visiteurs sera réduit et que du gel hydroalcoolique et des masques seront distribués aux témoins et aux bourreaux. Le supplicié a été condamné à mort en 1991 pour avoir violé et tué une octogénaire.

QH

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