
Paris, le lundi 8 juin – Après avoir longtemps connu la
pénurie dans ce domaine, la France produit trop de masques grand
public par apport aux besoins de la population.
C’est la dure loi de l’offre et de la demande. Il y a deux
mois, alors que la France subissait de plein fouet l’épidémie de
coronavirus, le pays connaissait, n’en déplaise à certains, une
pénurie de masque de protection. L’État avait alors sonné la
mobilisation générale. Pour permettre au pays de s’équiper en
matériel de protection en un temps record, 400 entreprises du
textile avaient répondu à l’appel du gouvernement et s’étaient
lancé dans la production de masques à grande échelle.
Aujourd’hui, ce sont ainsi 30 millions de masques grand public
en tissu réutilisables qui sont produit chaque semaine dans
l’hexagone. Une réussite industrielle qui risque cependant de
tourner au cauchemar économique.
Le made in France n'a pas la côte
Car la demande ne suit pas. Sans doute rassuré par
l’essoufflement actuel de l’épidémie, les Français portent de moins
en moins leur masque et considèrent désormais être suffisamment
équipés. Ils semblent également préférer les masques chirurgicaux à
usage unique venus d’Asie aux masques en tissus « Made in
France ».
Pour les entreprises qui se sont investis à corps perdu dans
la production de masque, l’euphorie du déconfinement a rapidement
laissé place à l’inquiétude. En Auvergne, l’entreprise Unitex se
retrouve avec 450 000 masques invendus sur les bras. Dans l’Aube, à
la bonneterie Chanteclair, ce sont 600 000 masques qui prennent la
poussière alors que l’entreprise accumule 2 millions d’euros de
dette. Les dépôts de bilans et les licenciements massifs risque de
se succéder.
Les industriels avaient misé sur des ventes jusqu’en décembre
mais peinent déjà à trouver des commandes privées. Le monde du
textile a également le sentiment d’avoir été abandonné par les
pouvoirs publics, ceux là même qui les avaient enjoint à se lancer
dans la production de masques au plus fort de la crise. Il y a
quelques semaines, l’État a ainsi passé une commande de 10 millions
de masques…au Vietnam. Une réunion aura lieu ce lundi à Bercy pour
tenter de trouver des débouchés, peut être à l’étranger, au masque
français.
Trop de tests en stock
Il n’y a pas que sur la question des masques que la France a
connu un retournement de situation soudain que seuls les périodes
de crise peuvent nous offrir. Dans le domaine des tests PCR, la
situation est peu ou prou la même. Après avoir longtemps accusé un
retard certain sur ses voisins en ce domaine, le gouvernement avait
affirmé triomphalement, au début du déconfinement, que les
autorités sanitaires étaient en capacité de réaliser 700 000 tests
PCR par semaine.
Mais selon Santé Publique France, entre 200 000 et 250 000
tests sont réalisés en France chaque semaine. Et encore, ces
chiffres seraient surestimés selon certains journalistes, qui
tablent sur un chiffre réel de 150 000 tests hebdomadaires. Là
encore, ce ne sont pas les capacités de dépistage qui sont en cause
(les réfrigérateurs des laboratoires français débordent de
réactifs) mais la demande : avec l’essoufflement de l’épidémie, le
nombre de cas contact à dépister ne cesse de diminuer. Idem pour
les tests sérologiques, encore très peu utilisés par les
Français.
QH