Vaccination, il faut vraiment respecter le calendrier !

De nombreux travaux ont montré que certains vaccins avaient des effets dits « non spécifiques » : le vaccin vivant contre la rougeole, le vaccin oral contre la polio ou encore le BCG, réduisent non seulement la mortalité par rougeole, polio et tuberculose respectivement, mais aussi la mortalité par pneumonie ou sepsis. Ces effets positifs non spécifiques d’un vaccin vivant, particulièrement sensibles dans les pays à faible niveau sanitaire, semblent toutefois ne se manifester que quand le vaccin vivant est le dernier administré.

Changement de l’ordre des vaccins : des conséquences mal évaluées

Dans son calendrier vaccinal, l’OMS recommande, en cas de retard dans le calendrier vaccinal, de faire les vaccins en dehors de leur séquence recommandée : ainsi, s’il n’a pas été fait à temps, le vaccin inactivé contre la diphtérie, tétanos et coqueluche pourra être administré en même temps, voire après le vaccin contre la rougeole. Les conséquences de ces changements dans l’ordre des vaccinations ne sont pas bien évaluées. En 1992, l’OMS a retiré un vaccin contre la rougeole à titre élevé, car il avait été associé à une augmentation de la mortalité chez les filles. Il a été démontré par la suite que cet excès de mortalité était dû, non pas à ce vaccin, mais au fait qu’un vaccin inactivé contre la diphtérie, tétanos, coqueluche ou contre la polio, avait été délivré après celui contre la rougeole.

Pour en savoir plus sur l’influence des séquences vaccinales sur les effets non spécifiques des vaccins et notamment sur la mortalité, une équipe internationale a repris les données concernant 36 650 enfants nés au Bangladesh entre 1986 et 1999 et suivis jusqu’à l’âge de 9 à 24 mois.

La survie était comparée selon que le vaccin inactivé contre la diphtérie-tétanos-coqueluche était administré avant, en même temps, ou après celui contre la rougeole.

Faire le vaccin contre la rougeole en dernier

L’analyse de ces données montre que la mortalité est deux fois plus élevée quand le vaccin contre la diphtérie-tétanos-coqueluche est délivré en même temps ou après celui contre la rougeole. L’effet est différent chez les filles et les garçons : la mortalité est plus élevée chez les filles qui reçoivent le vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche après celui contre la rougeole, alors que chez les garçons, c’est la co-administration qui semble avoir un négatif.

Plusieurs études observationnelles et 5 essais cliniques randomisés ont étayé cette hypothèse selon laquelle un vaccin inactivé, administré en même temps ou après le vaccin vivant contre la rougeole, était associé à une augmentation de la mortalité chez les filles. Les auteurs estiment que ces résultats justifient que des essais randomisés soient réalisés pour déterminer si, en cas de retard du vaccin contre la diphtérie-tétanos-coqueluche, le rattrapage peut être fait en vaccinant en même temps que ou après le vaccin contre la rougeole, ou si ce dernier doit être retardé pour être administré en dernier. D’autres vaccins inactivés administrés après celui contre la rougeole ont été impliqués dans un excès de mortalité chez les filles. Pour les auteurs, les futurs calendriers vaccinaux devraient prendre en compte la nécessité de garder le vaccin vivant contre la rougeole en dernier vaccin administré.

Précisons qu’au Bangladesh, la vaccination contre la polio s’effectue par le vaccin vivant oral.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Clipet-Jensen C. et coll. : Out-of-sequence Vaccinations With Measles Vaccine and Diphtheria-Tetanus-Pertussis Vaccine. A Re-Analysis of Demographic Surveillance Data From Rural Bangladesh. Clin Infect Dis.2020 ; publication avancée en ligne le 18 mars. doi: 10.1093/cid/ciaa291

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