
Bien qu’elles ne constituent qu’une part modérée des traitements, surtout pour la prise en charge de la douleur, comme médicaments d’appoint en anesthésie, ou substances de substitution contre l’addiction aux opiacés, les prescriptions d’opioïdes connaissent une hausse importante depuis 25 ans. Les auteurs se préoccupent notamment du recours à ces produits et de la dépendance ainsi induite (même en dehors de douleurs chroniques non cancéreuses), et de l’usage « non médical » d’opioïdes, c’est-à-dire du détournement de prescriptions avec un « usage abusif » et le développement préoccupant d’un « marché illicite. »
Près de 4 000 décès en 2017 au Canada
La morbidité et la mortalité imputables aux opioïdes varient d’une province à l’autre du Canada (avec une incidence « doublée » dans les régions du Nord et de l’Ouest du Canada, relativement à la moyenne nationale), et selon les catégories de la population (avec des risques particulièrement alarmants, chez les populations autochtones, les personnes âgées et les jeunes). Mais globalement, on considère les opioïdes responsables de près de 4 000 décès en 2017, un bilan « d’un millier de décès supplémentaires », par rapport à l’année précédente.Et toujours en 2017, on note qu’en moyenne, 17 Canadiens ont été hospitalisés chaque jour en raison d’une intoxication par des opioïdes, ce constat correspondant à une augmentation de 53% par rapport aux dix années précédentes. Comme certaines « pratiques imprudentes de prescription » peuvent avoir contribué à amplifier cette « crise des opioïdes », les auteurs estiment impératif pour les psychiatres de faire preuve d’un jugement clinique prudent dans leurs prescriptions et de se laisser guider uniquement par des données probantes et par des lignes directrices établies indépendamment de toute influence de marketing dans le choix des traitements.
Dr Alain Cohen