
En Octobre 2019, le Advisory Committee on Immunization
Practices (ACIP) ainsi que diverses autres instances, dont les
Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont
approuvé, aux Etats-Unis un programme actualisé des vaccinations de
l’adulte. Il inclut plusieurs recommandations élaborées à partir de
recherches bibliographiques précises pour chaque vaccin, portant
sur l’épidémiologie et le poids clinique de l’infection en cause,
l’efficacité et la tolérance du vaccin, la qualité des preuves, la
faisabilité d’implantation du programme vaccinal et son coût
économique.
Concernant la grippe, une vaccination de routine est
préconisée en l’absence de contre-indication. Aucun type de vaccin
particulier n’est recommandé. Un vaccin vivant atténué (LAIV) est
une option chez les sujets de plus de 45 ans, à l’exception des
immuno déprimés (dont les sujets VIH+), des sujets aspléniques
(anatomiques ou fonctionnels), des femmes enceintes, de ceux en
contact étroit ou soignant des personnes sévèrement
immunodéprimées. La contre-indication du LAIV concerne également
les sujets ayant pris un traitement anti grippal dans les 48 heures
précédentes, présentant une fuite de liquide céphalo-rachidien ou
un implant cochléaire, enfin ceux ayant présenté un syndrome de
Guillain Barré dans les 6 semaines suivant l’injection d’une dose
de vaccin anti grippal.
Vaccins contre les hépatites, peu de changement
En Juin 2019, l’ACIP a conseillé une vaccination contre
l’hépatite A pour toutes les personnes VIH+, âgées de plus d’un an.
Pour le reste, les recommandations n’ont guère varié. Elles
concernent les malades porteurs d’une hépatopathie chronique, les
voyageurs dans des pays à endémie forte ou intermédiaire, les
sujets en contact étroit avec un voyageur revenant d’une zone
d’endémie, les homosexuels masculins, les toxicomanes IV ou non IV,
les sujets exposés, tels les laborantins. Par contre, les
pathologies en rapport avec des troubles de la coagulation ont été
retirées de la liste des indications. Un schéma de 2 injections de
vaccin HepA (ou de 3 doses d’HepA-HepB) est également proposé aux
femmes enceintes à risque. Enfin, toute personne, sans risque
particulier mais désirant être vaccinée peut aussi bénéficier de la
vaccination anti-hépatite A.
Pour l’hépatite B, la liste des populations à risque, donc à
vacciner, n’a pas été modifiée. Elle inclut les malades atteints
d’hépatite C, de cirrhose ou stéatose hépatique, d’hépatopathie
alcoolique ou auto-immune, d’élévation de plus de 2 fois la normale
des transaminases. Elle concerne également les patients VIH+, ceux
ayant des partenaires sexuels à risque, les homosexuels masculins,
les toxicomanes IV, ceux exposés professionnellement à des contacts
per cutanés ou muqueux, les diabétiques de moins de 60 ans (et,
éventuellement, après concertation, ceux de plus de 60 ans), les
prisonniers, les voyageurs dans des zones à forte endémie. La
grossesse, s’il existe un risque d’infection ou d’évolution
défavorable liée à une contamination, a été ajoutée aux
indications. Par contre, la double vaccination, anti hépatite B et
C n’est pas recommandée durant la gestation, en l’absence de
données précises sur son innocuité.
Rattrapage pour les vaccins anti-HPV
En 2019, l’ACIP s’est prononcée pour une vaccination contre
les papilloma virus humains (HPV) de rattrapage chez tous les
sujets jeunes jusqu’ à 26 ans d’âge, non correctement vaccinés.
Précédemment, cette mesure concernait les femmes jusqu’ à 26 ans
mais les hommes jusqu’ à seulement 21 ans. Au-delà, entre 27 et 45
ans, la décision doit être prise individuellement et partagée car
le bénéfice de la vaccination est moindre dans cette tranche d’âge.
Elle n’est pas autorisée après 45 ans. On rappelle qu’une infection
à HPV est souvent transitoire et asymptomatique mais qu’elle peut
aussi être à l’origine de cancers du col utérin, de l’anus, du
pénis, du vagin, de la vulve et de la sphère oro pharyngée. Cette
infection peut être acquise dès le début de l’activité sexuelle
mais peut aussi survenir plus tardivement ; les adultes
sexuellement actifs restent exposés. Biologiquement n’existe aucun
dosage d’anticorps qui pourrait permettre de préciser s’il existe
ou non une immunisation. Autre élément à prendre en compte dans la
politique vaccinale : l’efficacité de la vaccination est d’autant
plus forte que les sujets n’avaient pas été, préalablement, exposés
à l’HPV. Elle est moindre chez ceux ayant déjà été en contact ou
immunodéprimés. Enfin, on se doit de rappeler que la vaccination
anti HPV est uniquement prophylactique ; elle ne joue pas sur la
progression en cas d’infection, ne modifie pas le délai
d’élimination du virus, ni n’aide au traitement d’un malade.
Les indications de la vaccination Rougeole-Oreillons-Rubéole
(ROR) n’ont été que peu actualisées. Seule a été rajoutée
l’indication pour les professionnels de santé nés à partir de 1957
sans immunité patente vis-à-vis du ROR. Elle est aussi possiblement
envisageable pour ceux nés avant cette date. Ils doivent alors
recevoir 2 doses, à au moins 4 semaines d’intervalle, pour le
vaccin contre la rougeole et les oreillons et une dose MMR pour
l’immunité rubéolique.
En 2019, l’ACIP préconise de vacciner contre le méningocoque B
tous les sujets de 10 ans ou plus présentant une déficience en
complément, traités par inhibiteurs du complément, aspléniques ou
travaillant en laboratoires, tels les microbiologistes et les
laborantins. Ils doivent alors bénéficier d’une dose de rappel de
MenB, un an après une vaccination complète, puis tous les 2 ans
tant que le risque persiste. Pour les individus de plus de 10 ans,
à risque accru, il est recommandé, lors d’une épidémie, une simple
dose de rappel s’il existe un délai d’un an ou plus après
vaccination complète.
Vaccin anti pneumococcique à 13 valences chez tous les plus de 65 ans
Concernant la vaccination anti pneumococcique, le vaccin PCV13
(vaccin conjugué anti pneumococcique à 13 valences) doit, après
décision partagée, être utilisé chez tous les individus de 65 ans
ou plus, non immunodéprimés, ne présentant pas de fuite de liquide
céphalorachidien ou d’implant cochléaire et n’ayant pas été
précédemment vaccinés par le PCV 13. Tous les autres doivent
recevoir une dose du vaccin PPSV23 (vaccin polysaccharidique à 23
valences). En effet, le Streptococcus pneumoniae
(pneumocoque) peut causer des maladies graves mais, de par la
vaccination dans l’enfance, il tend à exister une immunité
collective chez les adules jeunes. Par contre, chez les sujets de
plus de 65 ans, immunocompétents, doivent être pris en compte dans
la décision vaccinale, les éléments suivants :
- les adultes de 65 ans ou plus sont potentiellement à risque d’exposition à des souches PCV13 ;
- les résidents en maison de retraite ou en long séjour doivent se voir régulièrement proposer une vaccination, tout comme les voyageurs en zone d’endémie dans laquelle n’existe pas de vaccination pédiatrique par PCV13 ;
- enfin, l’incidence des pneumonies et des
infections pneumococciques invasives, septicémiques ou non,
augmente avec l’âge, ainsi qu’en cas de cardiopathie, de pathologie
respiratoire ou hépatique chronique, de diabète, de
tabagisme…
Dr Pierre Margent