Les émeutes de la Covid gagnent la Serbie

Belgrade, vendredi 10 juillet – La Serbie est marquée depuis plusieurs jours par de violentes émeutes, les manifestants contestant la politique de santé publique du gouvernement. Aux Etats-Unis, le nombre de décès quotidiens progresse.

Après deux nuits d’émeute, les manifestants serbes ont finalement obtenu gain de cause. Ce jeudi, le président Aleksandar Vucic a finalement renoncé à son projet de mise en place d’un couvre-feu destiné à lutter contre la progression de l’épidémie de coronavirus. L’annonce de cette mesure de confinement avait embrasé la Serbie, dont la capitale Belgrade et les autres grandes villes du pays connaissent depuis mardi de violentes émeutes.

Les Serbes victimes d’un déconfinement trop rapide ?

Ce mardi, les manifestants, que le chef de l’État accuse d’être manipulé par des groupuscules d’extrême-droite, se sont même brièvement introduits dans le Parlement avant d’être repoussés par la gendarmerie, qui n’hésite pas à faire usage de blindés et de gaz lacrymogènes pour réprimer les manifestations. Si plusieurs pays du monde, dont les Etats-Unis et l’Allemagne notamment, ont connu des rassemblements anti-confinement, la Serbie est pour l’heure le seul pays dont la population s’est soulevée contre la politique de santé publique conduite par son gouvernement.

Difficile de dire si la volte-face du gouvernement, qui a décidé de remplacer le couvre-feu par une interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, suffira à apaiser la colère des Serbes. Car au-delà du couvre-feu, c’est toute la gestion de la crise par le président Vucic qui est dénoncé par l’opposition. Après plusieurs semaines de confinement, l’ancien premier ministre avait procédé à un déconfinement express, lui permettant ainsi de remporter haut la main les élections législatives du 21 juin dernier.

Mais le pays paye désormais ce relâchement trop rapide : avec 350 nouveaux cas par jour, la Serbie est frappée de plein fouet par une seconde vague. Régulièrement accusé de minimiser les chiffres réels de l’épidémie, le président Vucic rejette la responsabilité du rebond épidémique sur la minorité musulmane, qui sert régulièrement de bouc émissaire pour tous les maux du pays.

Cacophonie européenne sur les frontières

Malgré ce rebond épidémique, la Serbie fait toujours partie de la liste des 15 pays avec lesquels l’Union Européenne a décidé de rouvrir ses frontières le 1er juillet. Mais signe que l’Union ne parvient définitivement pas à parler d’une seule voix sur la question du coronavirus, cette liste a déjà créé des dissensions entre les États membres.

L’Autriche et la Grèce ont ainsi fermé leurs frontières avec la Serbie, tandis que la Hongrie, dont le premier ministre Viktor Orban est un allié du président Vucic, les a laissés ouvertes. La Belgique fait elle cavalier seul, refusant purement et simplement d’appliquer la liste européenne.

Une cacophonie qui nuit grandement à « la reprise tant attendue de l’aviation et du tourisme » selon les représentants des compagnies aériennes et aéroports européens.

Hausse du nombre de morts aux Etats-Unis

Les Etats-Unis, où l’épidémie continue de progresser, ne font évidemment pas partie des 15 pays de la liste. Ils ont connu un nouveau record hier avec 65 000 nouveaux cas en 24 heures. Et avec quelques semaines de retard sur le nombre de cas, c’est maintenant celui des décès qui progresse. Le pays a ainsi enregistré 900 décès quotidiens ces trois derniers jours (pour un total de 136 000 victimes) contre seulement 250 le week-end dernier. Les États de Californie, du Texas et de la Floride, les plus touchés par le récent rebond épidémique, ont connu leur record de décès depuis le début de la pandémie.

Pas de quoi entamer l’optimisme (ou peut être plutôt l’inconséquence) du président Donald Trump, qui continue d’affirmer que la résurgence des cas est avant tout un effet de loupe dû à un dépistage massif.

Sur fond d’élection présidentielle, le coronavirus est train de diviser la société américaine, entre ceux qui rejettent toute mesure de confinement au nom de la sacro-sainte liberté individuelle et ceux qui sont prêts à tout pour contenir l’épidémie. Dans le rôle de l’arbitre, l Antony Fauci appelle les États à mettre sur pause un déconfinement qui a « sauté toutes les étapes recommandées » sans pour autant revenir à une « fermeture complète ».

QH

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