
205 patients hospitalisés avec une forme grave
Le suivi est documenté jusqu’au 10 mai 2020 et au final, l’analyse a porté sur 205 des patients jugés initialement éligibles, leur rapport SpO2/FiO2 étant à l’état basal ≤ 440 (PaO2/FiO2 ≤ 300). Les motifs d’exclusion étaient admission directe en USI, absence d’hypoxémie au cours de l’hospitalisation ou encore survenue d’évènements inclus dans le critère de jugement principal, combinant transfert en USI, intubation endotrachéale et mortalité hospitalière. Deux groupes ont été constitués selon l’exposition ou non à la corticothérapie. Les critères secondaires étaient les évènements précédents pris isolément ainsi que la sortie de l’hôpital, la durée de l’hospitalisation, les variations du rapport SpO2/FiO2 par rapport aux valeurs basales. Les données ont été traitées au moyen de la méthode des risques proportionnels de Cox.Moins d’admissions en USI, moins d’intubation, moins de mortalité avec une corticothérapie systémique
Au total, sur les 205 patients inclus, 60 (29,27 %) (âge moyen 57 ans ; hommes : 75 %), ont bénéficié d’une corticothérapie et celle-ci a été associée à une réduction de la fréquence des évènements inclus dans le critère de jugement principal, qui a été de 22,42 % versus 37,50 % dans le groupe témoin (p=0,039). Le hazard ratio ajusté (HRa) correspondant a été estimé à 0,15 (intervalle de confiance, IC, à 95 % 0,07-0,33 (p<0,001). La même tendance a été observée pour la fréquence du transfert en USI : HRa = 0,16 (IC 95 %, 0,07 à 0,34 ; p < 0,001) et d’intubation : HRa = 0,31 (IC 95 % 0,14 à 0,70 ; p = 0,005) ainsi que pour la mortalité : HRa = 0,53 (IC 95 %, 0,22 à 1,31 ; p=0,172) et pour la combinaison mortalité+intubation : HRa = 0,31 (IC 95 % 0,15 à 0,66 ; p = 0,002). La corticothérapie a été également associée à davantage de sorties du milieu hospitalier, avec un HRa de 3,65 (IC 95 % 2,20 à 6,06 ; p <0,001). Ce traitement s’est en outre accompagné d’une augmentation du rapport SpO2/FiO2, l’inverse étant observé dans le groupe témoin.Et près de 4 fois plus de sorties…
Les résultats de cette étude non contrôlée sont à interpréter avec prudence, mais ils concordent en partie avec ceux de l’essai randomisé RECOVERY et de la méta-analyse. La corticothérapie semble bénéfique chez les patients en insuffisance respiratoire aiguë hospitalisés ailleurs qu’en USI. La réduction de la mortalité est du niveau de celle observée dans les autres études. Le transfert en USI et le recours à l’intubation endotrachéale seraient par ailleurs moins souvent nécessaires et les chances de sortir du milieu hospitalier près de quatre fois plus élevées : autant d’arguments qui s’ajoutent à d’autres plaidant en faveur de la corticothérapie dans les formes sévères de la Covid-19.Dr Philippe Tellier