Washington, le lundi 5 octobre – La Maison Blanche tente par tous les moyens de rassurer les Américains sur l’état de santé de Donald Trump, hospitalisé depuis ce samedi. Mais la situation semble plus grave qu’il n’y parait.
C’est à une scène quelque peu surréaliste qu’ont pu assister les habitants de Bethesda, dans la banlieue de Washington, ce dimanche. Un immense cortège de voitures blindées a traversé au ralenti les rues de la ville tandis que dans l’énorme limousine présidentiel (surnommé The Beast), le président Donald Trump, masque sur le visage, saluait à travers les vitres fermées du véhicule les « patriotes » (selon les termes du président) venus le soutenir. Après cet étrange défilé, le milliardaire est retourné à l’hôpital militaire Walter Reed, où il est hospitalisé depuis ce samedi et la révélation de son test PCR positif au Covid-19.
Cet exercice de propagande a rapidement été dénoncé par les opposants au président, soulignant le risque sanitaire inutile encouru par les autres occupants du véhicule, qui pourraient être contaminés. Il illustre également une campagne de communication délicate de la part de la Maison Blanche qui tente à tout prix de minimiser l’importance de la maladie du président. Le gouvernement américain a ainsi diffusé plusieurs photographies de Donald Trump au travail malgré la maladie et le président a lui-même publié deux vidéos de lui sur les réseaux sociaux. Dans l’une d’elle, il affirme avoir beaucoup appris sur la Covid-19 grâce à son hospitalisation, une véritable « école de la vie » selon ses termes.
Deux baisses de saturation en oxygène et un traitement expérimental
Mais malgré toutes ces images rassurantes, l’état de santé de Trump semble plus grave qu’il n’y parait. Ce samedi, alors que l’équipe médicale présidentielle affirmait que Donald Trump ne présentait que des symptômes légers et que son hospitalisation était surtout préventive, une source anonyme, qui s’est révélé être Mark Meadows, le chef de cabinet de la Maison Blanche, indiquait aux journalistes que « les signes vitaux du président étaient inquiétants ».
Ce dimanche, lors d’une nouvelle conférence de presse, Sean Conley, le médecin du président a reconnu avoir menti pour mieux refléter « l’attitude optimisme de l’équipe médicale ». Il a ainsi expliqué que Donald Trump avait connu deux baisses de saturation, qui avait conduit ses médecins à lui administrer des stéroïdes selon le protocole de l'étude Recovery. Le président a donc reçu au moins trois traitements, puisque du remdesivir et du Regeneron, un traitement expérimental, lui ont également été administrés. Le Dr Conley n’a pas non plus totalement démenti la rumeur selon lequel le président aurait reçu temporairement de l’oxygène (ce qui semble logique s'il a présenté des épisodes de désaturation), continuant d’alimenter les spéculations autour de la gravité de l’état de santé de l’homme le plus puissant du monde.
Un cluster à la Maison Blanche
Si les médecins continuent à être optimiste, évoquant même une sortie de l’hôpital pour ce lundi, le président a reconnu lui-même que le « vrai test » aurait lieu dans les prochains jours. C’est en effet en général au bout d’une semaine que l’état de santé des patients Covid-19 s’aggrave parfois brutalement. Âgé de 74 ans et obèse, le président Donald Trump entre dans la catégorie des personnes à risque.
Le président Trump semble en tout cas être au centre d’un
véritable cluster. Déjà 17 personnes qui ont été en contact
rapproché avec le président ces dernières semaines ont été testés
positives et il semble qu’un mépris certain pour les gestes
barrières régnait à la Maison Blanche. Selon des journalistes, le
cluster aurait pris son origine lors de la cérémonie qui s’est
tenue dans les jardins de la Maison Blanche le 26 septembre
dernier, au cours de laquelle Trump a présenté son candidat à la
Cour Suprême, la juge Amy Barret. Au cours de cette réunion,
presque aucun participant ne portait de masque ni ne respectait les
distances de sécurité. En seulement une semaine, cette victoire
annoncée des républicains sur les démocrates a tourné au
fiasco.
N.B.
