
Entre le 1er mars et le 10 mai de cette année, 149 mères infectées par le SARS-CoV-2 ont accouché dans quatre maternités de New-York, l’épicentre de l’épidémie de COVID-19 aux Etats-Unis. Les données concernant ces mères et leurs enfants (n = 152, dont 6 jumeaux) sont tirées des dossiers médicaux électroniques. L’infection des mères est prouvée par une recherche de coronavirus positive dans le nasopharynx, dans la semaine précédant l’accouchement dans 93 % des cas.
Assistance respiratoire pour 13 mères et pas de décès parmi les mères
La cohorte compte 60 % de mères symptomatiques (n = 89) et 40 % de mères asymptomatiques (n = 60). Le pourcentage de mères asymptomatiques est sous-estimé parce que les parturientes n’ont pas eu de recherche systématique du SARS-CoV-2 le premier mois de l’étude (il est en réalité proche de 85 %). Treize mères symptomatiques sur 89 (soit 15 %), ont eu besoin d’une assistance respiratoire ; 9 ont reçu de l’hydroxychloroquine et 25 une héparine de bas poids moléculaire. L’état respiratoire de 7 mères s’est aggravé à un point tel que 6 ont dû être intubées et que les 7 ont dû être césarisées avant 37 semaines. Globalement, un tiers des mères présentait des comorbidités : obésité, hypertension artérielle préexistante ou gravidique, diabète préexistant ou gestationnel, etc. Toutes les mères ont survécu. Le taux de césariennes a été de 24 % (pas de différence entre les 2 groupes de mères).Aucun cas de transmission materno-fœtale dans la cohorte
Trois enfants sont mort-nés. Les 149 autres sont nés vivants, 10 % avant 37 semaines.Presque tous les enfants nés vivants (140/149) ont eu une recherche de SARS-CoV-2 dans le naso-pharynx à H20 ± 10, et 58 % d’entre eux (87/149) une 2ème recherche à H55 ± 26. Une seule recherche a été positive : une 2ème recherche faite à J4 à un nouveau-né n’ayant pas bénéficié de précautions particulières car l’infection de sa mère a été connue avec retard. Il n’y a donc eu aucun cas patent de transmission materno-fœtale dans la cohorte.
Un enfant, un jumeau à la limite de la viabilité, est décédé en salle de naissance. Dix-huit enfants (soit 12 %) ont été admis dans une unité de soins intensifs néonatale [USIN], le plus souvent pour une détresse respiratoire (13/18 ; 5 ventilations mécaniques). Cent trente et un enfants (87 %) sont restés en maternité : deux tiers ont été immédiatement séparés de leur mère, et un quart soigné dans la chambre de la mère, avec une distanciation physique et des mesures d’isolement. Seulement 7 % des enfants ont été en contact direct avec leur mère, à la demande des parents ou après changement de la prise en charge des nouveau-nés en fin d’étude.
Tous les prématurés nés vivants sont issus de mères symptomatiques (taux de prématurés : 17 %).
Par comparaison avec ceux de mère asymptomatique, les nouveau-nés de mère symptomatique ont été plus fréquemment réanimés en salle de naissance (14% vs 3% ; p = 0,04) et admis en USIN (19% vs 2% ; p = 0,001). Ils sont les seuls à avoir souffert d’une détresse respiratoire, à une exception près, et à avoir eu besoin d’une ventilation mécanique.
Il n’y a eu aucun décès en USIN, mais 7 enfants étaient encore hospitalisés à la fin de la période d’étude.
Au total, dans cette cohorte, il n’y a eu aucun cas de transmission materno-fœtale et la morbidité néonatale a été circonscrite aux enfants de mères infectées symptomatiques.
Dr Jean-Marc Retbi