A la recherche de biomarqueurs prédictifs d’infertilité dans l’endométriose

L’endométriose, définie par la présence de tissu endométrial en dehors du corps utérin, affecte 10 % des femmes en âge de procréer. Elle peut être source de dysménorrhée, dyspareunie, dysurie, et douleurs pelviennes chroniques. De surcroit, un tiers des patientes souffrant d’endométriose consultent pour stérilité et un tiers des femmes consultant pour stérilité sont atteintes d’endométriose. Sur le plan pathogénique, on peut incriminer un processus inflammatoire avec sécrétion par le péritoine de cytokines et singulièrement des interleukines 6 et 8 (IL-6 et IL-8).

Les auteurs roumains ont recherché des biomarqueurs dans le sang circulant susceptibles de refléter une stérilité liée à l’endométriose sans obstruction tubaire (ENO). Ils sont partis de l’hypothèse que la combinaison d’une élévation des IL-6 et IL-8 avec une augmentation du CA125 (protéine tumorale antigénique) aurait une bonne valeur prédictive.

Leur étude a consisté à doser le CA125 chez 116 femmes atteintes d’ENO et les IL-6 et IL-8 chez 36 autres patientes avec ENO, toutes entre 20 et 45 ans. Le sang a été conservé à -70°C. Parmi ces 152 femmes, on a distingué les fertiles et les infertiles (définies par l’absence de grossesse après un an de rapports non protégés). Toutes ces femmes étaient candidates à la chirurgie pour bilan de stérilité, endométriose ou masse ovarienne. Les femmes opérées dans les 3 mois précédents ou atteintes de pelvipéritonite ont été exclues.

Les taux de CA125 et IL-6 seraient informatifs

Parmi les 116 patientes testées pour le CA125, les femmes fertiles avaient un taux moyen de CA125 de 31 U/ml (normal), tandis qu’il montait à 46 U/ml chez les infertiles. Chez les 36 patientes chez lesquelles l’on a dosé les cytokines, les taux d’IL-6 passent de 5,3 pg/ml (normal) chez les 14 femmes fertiles à 92 pg/ml chez les 22 infertiles, celui des IL-8 étant de son côté 3 fois plus élevé en cas d’infertilité, ces différences étant significatives. On n’a pas distingué les stérilités primaires ou secondaires (antécédent de grossesse).

En termes d’âge, il n’y avait pas de différence entre les fertiles et les infertiles, l’âge moyen étant dans les deux cas de 36 ans. Le stade de l’endométriose n’a pas paru non plus avoir d’influence sur la fertilité.

Parmi les 36 femmes chez lesquelles on a dosé les cytokines, l’âge était aussi le même quel que soit le degré de fécondité, mais, ici, le stade de l’endométriose impactait la fertilité.

Au total, seuls le CA125 et l’IL-6 ont pu être reconnus, après analyse statistique, comme biomarqueurs susceptibles de prédire le risque d’infertilité dans l’ENO.

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
Gica N et coll. : The rôle of biological markers in predicting infertility associated with non-obstructive endometriosis. Ginekologia Polska 2020; 91(4) 189-192.

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