Wellington, le vendredi 30 octobre – Consulté par référendum,
les Néo-Zélandais ont largement voté en faveur d’une loi autorisant
l’euthanasie active à partir de novembre 2021.
Le 17 octobre dernier, les Néo-Zélandais étaient appelés à
élire leurs députés mais étaient également consulté sur un sujet
éthique particulièrement difficile : la légalisation de
l’euthanasie active et du suicide assisté. Les résultats publiés ce
vendredi ne sont que partiels, mais les 480 000 bulletins encore à
dépouiller ne changeront rien à l’issue définitive du vote : les
Néo-Zélandais ont voté massivement en faveur de l’euthanasie, le «
oui » l’emportant avec 65,9 % des voix selon les résultats
provisoires. Un succès attendu puisque l’ensemble des sondages
donnaient une large avance au « oui » et que la loi était
soutenue par les deux principaux partis du pays.
Euthanasie et suicide assisté légales pour les plus de
18 ans
Plus précisément, les électeurs Néo-Zélandais ont voté en
faveur de l’entrée en vigueur du End of Life Choice Act voté
par le parlement néo-zélandais le 13 novembre 2019. Selon ce texte,
toute personne de plus de 18 ans pourra être euthanasié à sa
demande s’il souffre d’une maladie en phase terminale lui laissant
vraisemblablement moins de 6 mois à vivre. Le patient devra
également subir un « déclin irrémédiable de ses capacités
physiques » et des souffrances « insupportables » que
les médecins ne parviennent pas à soulager.
Le sujet ne pourra être euthanasié qu’après que deux médecins
(l’un hospitalier, l’autre libéral) aient vérifié que ces
conditions sont remplies. Les deux praticiens devront également
s’assurer que le patient a exprimé un consentement libre et
éclairé, éventuellement en faisant appel à un psychiatre et devront
l’informer sur les solutions alternatives à l’euthanasie tels que
les soins palliatifs. Si toutes ces conditions sont remplies, le
sujet sera tué par injection létale au moment où il le souhaitera.
La même loi autorise également le suicide assisté, dans les mêmes
conditions.
Les médecins très circonspects
« La Nouvelle-Zélande est devenue une société plus humaine
et compassionnel » a déclaré David Seymour, leader du parti
libertarien et auteur de la loi, à l’annonce des résultats. « Je
suis heureux que les Néo-Zélandais puissent enfin choisir comment
terminer leur vie » a affirmé de son côté le militant Matt
Vickers.
Le cas de sa femme Lecretia Seales, morte en 2015 d’une tumeur
cérébrale à 42 ans, était devenu un symbole de la lutte pour le
droit à l’euthanasie et au suicide assisté.
Si la loi sur l’euthanasie a été largement plébiscité par le
peuple néo-zélandais, elle semble au contraire très peu soutenue
par la communauté médicale. L’Association médicale de
Nouvelle-Zélande (NZMA) a activement fait campagne pour le non.
Dans une tribune publiée l’an dernier, plus de 1700 médecins
Néo-Zélandais (soit 12 % des praticiens du pays) avaient affirmé
leur opposition au projet de loi. « L’euthanasie et le suicide
assisté sont contraires à l’éthique, quoi qu’en dise la loi »
pouvaient ont y lire. Précisons que la loi contient une clause de
conscience qui permettra aux médecins qui le souhaitent de ne pas
participer à une euthanasie.
Les fumeurs de joints retiennent leur souffle
Le End of Life Choice Act entrera en vigueur le 6
novembre 2021. La Nouvelle-Zélande deviendra ainsi le
6ème pays du monde à légaliser l’euthanasie
(après le Canada, la Colombie et les pays du Benelux), le
1er à l’adopter par référendum. A titre de
comparaison, en France, l’euthanasie passive (arrêt des soins de
maintien en vie) est autorisée depuis la loi Leonetti-Claeys de
2016, mais l’euthanasie active reste interdite et assimilé
théoriquement au meurtre ou à l’empoisonnement.
Les Néo-Zélandais étaient également consultés, par un référendum
consultatif cette fois, sur la légalisation du cannabis. Les
résultats provisoires donnent une courte avance au « non »
(53,5 %) et il faudra attendre le 6 novembre pour connaitre les
résultats définitifs.
Contrairement à la morale (qui régit les moeurs), déterminée arbitrairement par la majorité dans l'intérêt collectif (ou consensuellement par une communauté pour son usage interne), l'éthique est une perception individuelle du bien et du mal. Il n'y a pas de morale sans société, tandis qu'un homme, même seul survivant dans l'univers, aurait son éthique - et dans le meilleur des cas tâcherait de vivre en conformité avec elle.
Si quelqu'un considère qu'il n'est pas éthique de souhaiter en finir avec la vie, personne ne le contraint à le faire. Si un autre veut qu'on l'aide à mourir, c'est conforme à sa propre éthique.
Les sociétés adoptent des morales variées et variables. Elles en tirent les lois qui leur conviennent, et chacun est contraint de les appliquer. Mais il n'y a pas lieu d'imposer son éthique à autrui.