
Encourageant mais pas encore suffisant
Le volontariat, seulement le volontariat
Peut-on priver du droit d'accès à un établissement ?
TousAntiCovid désarmé ?
Charles Haroche
Charles Haroche
Copyright © http://www.jim.fr
Ce papier de Charles Haroche est très pertinent en faisant le point sur l'intérêt de l'application "TousAntiCovid".
Notons déjà plusieurs points :
- Il ne s'agirait que d'un changement cosmétique de "StopCovid". D'ailleurs le message d'activation présent en permanence sur mon smartphone mentionne bien "StopCovid" et pas "TousAntiCovid", sourire...
- Le nombre de téléchargements et d'activation (près de six millions ce 30 octobre) correspond-il au nombre effectif à l'instant "t', ou est-ce juste un cumul ? C'est un point essentiel à préciser.
- un contact de quinze minutes à moins d'un mètre est une cote qui ne peut couvrir tous les cas, puisqu'un simple éternuement peut vous contaminer dans l'instant, alors qu'être assis en milieu ouvert pendant une demi-heure en tournant le dos à son voisin est certainement moins à risque. Mais bon, il faut bien un critère !
-Tout le monde n'a pas de smartphone ? Encore une affirmation non argumentée : on teste cela dans un cinéma ou dans un restaurant en faisant un sondage ? OK, sans doute dans les EHPAD...
- l'anonymisation et l'absence de géolocalisation sont à mon sens deux faiblesses, notamment la seconde. Certes on en comprend les raisons...
Sur le plan pratique, une telle application n'a d'intérêt que pour stopper l'extension des clusters, et ne sert plus à grand chose quand on en est à plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas par jour ; elle est donc indissociable : 1. d'une isolation immédiate, idéalement à domicile, avec prélèvement, 2. d'un résultat rapide. Aujourd'hui, ce n'est pas vraiment réalisé puisque les sujets asymptomatiques ne sont pas vraiment prioritaires, et qui va s'isoler parce qu'il a reçu une alerte ?
Quant à la CNIL, elle est un peu comme l'Observatoire de la laïcité ou la CEDH (je sais, je mélange tout), à savoir qu'elle va au-delà de l'intérêt collectif en se basant uniquement sur son principe fondateur, et en appliquant strictement le droit positif.
Au fait, si on suspend l'activité des cinémas, pourquoi ne suspendrait-on pas celle de la CNIL, rire ?
Car in fine, on saurait contraindre les individus à ne pas sortir de chez eux (limitation de la vie privée) mais on ne devrait pas les tracer (protection de la vie privée) ? Où est la menace principale, puisqu'on n'est plus sous Vichy depuis trois quarts de siècle ! Quand on en était, en mai et en juin denier, à un millier de cas journaliers au sortir du déconfinement, tracer aurait été possible. On a choisi une absence de contrainte (au nom d'une absence de contrôle numérique) pour en exercer d'autres, tout aussi liberticides aujourd'hui. Que je sache, la Corée du Sud, une démocratie aujourd'hui exemplaire parvient à le faire malgré des garde-fous tout aussi présents et invasifs que la CNIL ...
En bref, toute gestion d'une crise aux conséquences délétères (dans tous les sens du mot) implique de savoir suspendre certaines règles : cela s'appelle s'adapter, ou périr en termes darwiniens ?
PS : il ne s'agit ici que d'une déclaration de principe. Avec ou sans "TousAntiCovid", il semble que l'on doive apprendre à vivre avec le SARS-CoV-2 jusqu'à nouvel ordre. Personnellement, je pense qu'il eut mieux valu en mai dernier limiter la liberté de toutes les personnes vulnérables en les protégeant (ce que voulait le Conseil scientifique, souvenez-vous), et ne pas hésiter à laisser le virus diffuser chez les quarante millions de Français pour lesquels la mortalité est quasi-inexistante, ce qui aurait permis en quelques mois d'été de rendre l'épidémie supportable grâce à une immunité partielle de groupe (l'absence formelle de preuve scientifique de la présence d'une immunité ne vaut pas preuve de son absence). La létalité de la maladie étant connue (voisine de cinq pour mille toutes populations confondues ), les mesures barrières étant strictement appliquées par et auprès des personnes vulnérables, le nombre de lits de soins intensifs étant accru, c'était une carte à jouer sans coût démesuré, ni humain ni financier.
Le nombre de 400 000 morts, coût d'une telle stratégie, choisi récemment par le président de la République était quelque peu biaisé. L'article source (Fontanet & Cauchemez, septembre 2020) donnait une fourchette de 100 000 à 450 000 décès en recherchant l'immunité de cinquante pour cent de la population. La valeur basse pourrait être encore diminué, je le suppose, sous réserve que la porosité entre populations vulnérables et non vulnérables soit réduite à peu de choses par une observance des mesures barrières entre-elles (je souligne ce dernier mot).
Dr Jean-Jacques Arzalier
Comme chaque médecin je suis confronté chaque jour à plus d'une quinzaine de cas suspects, contacts ou contaminés prouvés. Si je télécharge ce machin je vais être inondé d'alertes inutiles chronophages et perturbatrices. Au lieu de dépenser l'argent du contribuable pour ce genre d'inutilité, il serait nettement plus productif de s'organiser pour qu'un cas contact identifié par AMELI trouve un moyen d’être testé (juste le prélèvement déja) en moins de 3-4j (essayez de trouver un popint de prélèvement le WE) et d'avoir les résultats dans un délai raisonnable.
Actuellement entre le délai pour être prélevé et le délai d'analyse il se passe bien 4-5 j où si le sujet est asymptomatique on le laisse gentiment répandre son virus (pas symptomatique = pas d’arrêt de travail...) pas étonnant que ça flambe avec une politique de test aussi mal fichue.
Dr Jean-François Pion