
Durant la grossesse, les femmes sont plus sensibles aux
infections virales. Les précédentes épidémies à coronavirus (MERS
et SRAS) ont été associées à une augmentation de la morbidité et de
la mortalité maternelles, ainsi qu'à une augmentation des
complications de la grossesse.
Au début de la pandémie, une étude a été entreprise à
l'hôpital universitaire d'Hvidovre à Copenhague afin de savoir si
l'infection par le SRAS CoV 2 au 1er trimestre de la grossesse
avait un impact sur le développement fœtal, en mesurant la clarté
nucale et en comptabilisant les fausses couches.
L'analyse sérologique des IgM et des IgG anti-SARS-CoV-2 a été faite en utilisant la méthode de chemiluminescence immunoassay (YHLO Biothechnology). Les taux d'IgM > 8 AU/ml et les taux IgM > 10 AU/ml étaient considérés positifs. Si les IgG et les IgM étaient positives, ou que seules les IgG étaient positives, on estimait que la patiente avait été infectée par le SARS-CoV-2 ; si seules les IgM étaient positives, la femme était considérée négative, sauf si les IgG se positivaient sur les prélèvements ultérieurs. La sensibilité de l'analyse était de 42 % pour les IgM et de 94 % pour les IgG. La spécificité était de 99,7 % pour les IgM et 99,3 % pour les IgG.
Au total, 1 019 femmes enceintes ont été incluses dans l'étude lors du dépistage combiné, ainsi que 36 femmes à la suite d'une fausse-couche avant le dépistage. L'âge gestationnel moyen était de 11 SA lors de l'analyse sérologique et de 13 SA lors de l'examen échographique ; le terme moyen des fausses couches était de 8 SA.
Pas d'épaississement de la clarté nucale et pas d'augmentation du risque de fausses-couches
Dix-huit (1,8 %) femmes enceintes avaient été infectées par le SARS-CoV-2 : 16 femmes avaient seulement des IgG positives, et 2 des IgM et des IgG positives. Aucune des femmes, qui avaient fait une fausse couche, n'avait d'anticorps anti-SARS-CoV-2.L'épaisseur de la clarté nucale du fœtus au 1er trimestre était comparable dans le groupe des femmes porteuses d'anticorps anti- SARS-CoV-2, 1,8 mm (1,5-2), à celle du groupe des femmes non porteuses d'anticorps, 1,7 mm (1,5-2), après exclusion des femmes dont le fœtus était atteint d'une anomalie chromosomique (trisomie).
Les taux de β hCG et de PAPP-A n'étaient pas non plus significativement différents entre les deux groupes.
Parmi les 1 019 grossesses, 15 se sont interrompues après le dépistage, une seule parmi les femmes qui avaient été infectées. L'étude ne montre pas d'augmentation significative du risque d'interruption de la grossesse chez les femmes porteuses d'anticorps anti-SARS-CoV-2.
En ce qui concerne la symptomatologie, environ la moitié des
femmes porteuses d'anticorps anti-SARS-CoV-2 avaient eu un ou
plusieurs symptômes de Covid-19 en début de grossesse, avec par
ordre de fréquence : agueusie ou anosmie, toux sèche, fatigue
intense, fièvre, arthralgies, dyspnée, céphalées. Un quart des
femmes qui n'avaient pas d'anticorps avaient aussi eu des
symptômes.
Cette étude, faite très précocement au début de la pandémie, est l'une des rares études qui se soient intéressées au risque lié à l’infection par le SARS-CoV-2 en début de grossesse. Depuis, la pratique quotidienne a confirmé qu'au 1er trimestre, la Covid 19 dans ses formes asymptomatiques ou peu symptomatiques, alors qu'elle est souvent méconnue, ne semble pas modifier le pronostic des grossesses.
Dr Catherine Vicariot