
Paris, le jeudi 19 novembre 2020 – Nous n’irons pas cette
année flâner sur les planches bordant la mythique plage de
Deauville en repassant dans notre esprit les séduisantes campagnes
dédiées à la santé qui auront défilé devant nos yeux ou en
repensant aux multiples arguments échangés lors de débats et
conférences passionnés. Épidémie de Covid-19 oblige, le Festival de
la communication en santé, qui s’est depuis quelques années imposé
comme une rencontre incontournable fin novembre pour évoquer les
enjeux de la communication médicale et sanitaire donne rendez-vous
à ces afficionados l’année prochaine pour une double rencontre.
Mais ce contretemps n’empêche évidemment pas la toujours très
active équipe du Festival (autour de sa présidente Dominique Noël)
de multiplier les évènements virtuels. Il faut dire que cette année
offre un vivier de réflexions inépuisable sur les sujets de
prédilection du Festival : comment transmettre une information
médicale et scientifique au grand public ?
Comment faire des outils modernes (applications, forums
internet et web en général) des atouts pour une transmission rapide
et efficace des messages cruciaux et éviter qu’ils ne deviennent au
contraire les vecteurs de rumeurs infondées et d’idées dangereuses
? Comment comprendre le rôle des médias quant à notre perception
d’une crise ?
Une discipline d’actualité
Ces questions seront ainsi l’objet d’une conférence virtuelle
organisée par le Festival ce mardi 24 novembre. Les Dr Sylvie C.
Briand (Programme OMS de gestion des situations d’urgence
sanitaire), Brigitte Fanny Cohen (Journaliste santé), Gérald
Kierzek (chroniqueur et éditorialiste médical du roupe TF1/LCI) et
Caroline Faillet (fondatrice d’Opinion Act) se pencheront en effet
sur « l’infodémie ». Le terme renvoie à l’expression
utilisée mi-février par le patron de l’OMS affirmant : « Nous ne
combattons pas seulement une épidémie ; nous luttons aussi contre
une infodémie ». Il fait référence à « l’infodemiology »
discipline née au début des années 2000 consistant à étudier la
façon dont les informations de santé publique sont reçues puis
comprises et retransmises par les internautes non scientifiques.
Or, l’épidémie de Covid-19 est un champ d’investigation d’une
ampleur inédite pour les chercheurs en infodémiologie : c’est la
première fois en effet qu’une crise sanitaire de cette ampleur
survient depuis qu’internet a profondément bouleversé les canaux
habituels de transmission de l’information (même si internet n’a
pas inventé les rumeurs).
Des enjeux multiples
Les intervenants de la conférence organisée par le Festival de
la communication reviendront sur cette situation en s’intéressant
notamment à la façon dont les informations trompeuses, voire
mensongères sont relayées, les raisons pour lesquelles elles
semblent susciter une attention plus marquée que d’autres et le
terreau qui les favorise (défiance vis-à-vis des politiques,
méconnaissance de la démarche scientifique, nature changeante du
discours officiel, polarisation autour de personnalités
atypiques…). Sans doute, ce débat sera également l’occasion de
revenir sur la complexité du sujet et notamment le caractère
délicat d’une lutte contre la désinformation qui ne doit cependant
pas se muer en « censure » qui risquerait de nuire au débat
scientifique et à l’échange d’arguments contradictoires qui en
période d’épidémie restent essentiels. Des discussions qui
promettent d’être passionnantes – même loin des
planches.
Aurélie Haroche