A qui profite le défibrillateur en prévention primaire ?

On ne dispose pas de données actuelles à l’échelle national sur le risque de décès et de ré-hospitalisation des patients atteints de cardiomyopathie ischémique ou non-ischémique ayant bénéficié de l’implantation d’un défibrillateur (DEF).

C’est ce qui a conduit Higgins et coll. à mener une étude rétrospective à partir des éléments recueillis dans le registre national des DEF (National Cardiovascular Data Registry implantable cardioverter-defibrillator Registry) implantés entre 2010 et 2013.

Il a été ainsi possible de rassembler une cohorte de patients qui avaient une cardiomyopathie ischémique (n = 68 458) et une cohorte de patients qui avaient une cardiomyopathie non-ischémique (n = 31 044) ; tous avaient une fraction d’éjection ventriculaire gauche ≤ 35 % et avaient bénéficié, en prévention primaire, de l’implantation de novo d’un DEF.

Les courbes de Kaplan-Meier et les modèles de régression de risques proportionnels de Cox ont été utilisés pour comparer la mortalité et le taux de ré-hospitalisations dans ces deux cohortes. Le suivi moyen est de 2,4 ans.

Davantage de réhospitalisations et mortalité plus élevée en cas de cardiomyopathie ischémique

A un an, la mortalité était significativement plus élevée chez les patients qui avaient une cardiomyopathie ischémique que chez les patients qui avaient une cardiomyopathie non-ischémique : 12,3 % vs 7,9 % ; p < 0,001. Cette mortalité plus élevée est restée significative après ajustements pour les facteurs confondants (hazard ratio [HR] 1,40 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 1,36 à 1,45) et a été retrouvée dans tous les sous-groupes. Ces tendances sont restées stables tout au long de la durée de l’étude.

De la même façon, les patients qui avaient une cardiomyopathie ischémique étaient exposés à un taux significativement plus élevé de ré-hospitalisations de toute cause (HR ajusté 1,15 ; IC 95% : 1,12 à 1,18) et de ré-hospitalisations pour insuffisance cardiaque (HR ajusté 1,25 ; IC 95% : 1,21 à 1,31).

Ainsi, après implantation d’un DEF en prévention primaire, les risques de décès et ré-hospitalisations sont significativement plus importants chez les patients avec une cardiomyopathie ischémique comparés aux patients atteints de cardiomyopathie non-ischémique. Ce risque accru est ici resté constant dans tous les sous-groupes de patients et durant toute la durée étudiée.

Dr Robert Haïat

Référence
Higgins AY et coll. : Comparison of Mortality and Readmission in Non-Ischemic Versus Ischemic Cardiomyopathy After Implantable Cardioverter-Defibrillator Implantation. Am J Cardiol., 2020 ; 133 : 116-125.

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