Depuis son introduction sur le marché américain en 2007,
l’utilisation de la cigarette électronique (e-cigarette) s’est
beaucoup répandue. Malgré une exposition significativement réduite
à nombre de substances toxiques, l’e-cigarette a ses risques
propres en matière de santé. Plusieurs de ses composants sont
potentiellement dangereux : composés organiques volatils, métaux
lourds ou particules ultra fines. L’emploi de l’e-cigarette est
associé à une augmentation des résistances des voies aériennes, à
des perturbations immunitaires et à des atteintes pulmonaires
cytotoxiques. Les effets à long terme sur les poumons sont encore
mal connus. Il pourrait s’agir de respiration sifflante, d’asthme
ou de bronchopathie chronique obstructive (BPCO).
Une étude a été menée auprès d’adultes US de plus de 18 ans,
sans anomalies respiratoires initiales. Ils faisaient partie d’une
cohorte, représentative au plan national, participant à la
Population Assessment of Tobacco and Health (PATH) Study,
étude réalisée en 4 vagues successives de 2013- 2014 à 2016- 2018.
L’analyse des données recueillies a été effectuée de Février à
Juillet 2020. Ont été exclus les individus qui, au moment de la
première vague, présentaient des affections respiratoires (BPCO,
asthme, bronchite chronique, emphysème), ceux incapables de fournir
de renseignements précis sur leur consommation tabagique et ceux
perdus de vue lors du suivi. Étaient considérés comme utilisateurs
de e-cigarettes, les fumeurs dont la consommation était régulière,
quotidienne ou très fréquente. Pour chacun des participants ont été
recueillies des données sur leur état de santé, leurs antécédents
médicaux, notamment respiratoires et sur de nombreuses covariables
(âge, origine ethnique auto rapportée, niveau d’éducation, lieu
d’habitation, toxicomanie éventuelle, indice de masse corporelle,
comorbidités…). Le passé tabagique de chacun a été détaillé :
tabagisme actuel ou ancien, de plus ou moins 5 ans, nombre de
paquets-années, autres modes de consommation comme l’usage de
pipes, de cigares, voire de narguilés….
Davantage de cas d’asthme, d’emphysème, de BPCO parmi les
utilisateurs
Sur 21 618 adultes inclus dans la cohorte d’étude, 11 017
(49,1 %) étaient des hommes, 12 969 (65,2 %) blancs non
hispaniques, 3 216 (11,5 %) noirs, 3 839 (15,5 %) d’origine
hispanique et 1 594 (7,9 %) d’autres ethnies. La moyenne (DS) de
consommation tabagique initiale se situait à 6,7 (25,8)
paquets-années. Toutes les classes d’âge étaient représentées, dont
17,1 % de jeunes de 18 à 24 ans et 16,9 % de plus de 65 ans. A
l’inclusion, on notait 7 405 (16,8 %) consommateurs de
e-cigarettes, dont 2 329 (5,2 %) utilisateurs réguliers. Ceux-ci,
comparativement aux non consommateurs, étaient, dans l’ensemble,
plus jeunes, avaient recours plus souvent à d’autres formes de
tabagisme et à des drogues illicites.
Lors du suivi, on a dénombré 804 cas d’asthme, 336
d’emphysème, 573 de BPCO et 948 bronchites chroniques. Au total, 1
460 participants ont souffert d’au moins un trouble respiratoire,
soit 6,8 %. En analyse multivariable, l’utilisation de l’
e-cigarette a été associée à une augmentation du risque
d’apparition, durant le suivi, d’une pathologie respiratoire, l’
IRR (incidence rate ratio) global étant calculé à 1,28 (intervalle
de confiance à 95 % IC : 1,10- 1,45). Plus précisément, il se situe
à 1,33 (IC : 1,12- 1,59) pour la bronchite chronique, à 1,54 (IC :
1,12- 2,12) pour l’emphysème, à 1,62 (IC : 1,20- 2,04) pour la BPCO
et à 1,24 (IC : 1,01- 1,53) pour l’asthme. Comparativement à
l’absence de tabagisme, le risque a été de 28 % (IC : 9-51) pour
les consommateurs anciens et de 31 % (IC : 8- 59) pour les
utilisateurs actifs de e-cigarettes. Lorsque l’analyse a été
limitée aux individus en bonne ou très bonne santé, le risque a été
de 21% (IC : 0- 47) chez les utilisateurs passés mais a culminé à
43 % (IC : 14- 80) en cas d’utilisation permanente.
Risque maximal avec une consommation quotidienne
débutée avant l’âge de 25 ans
En analyse exploratoire, fonction notamment de l’âge de début
de l’exposition à l’e-cigarette, le risque le plus grand de voir
survenir des troubles respiratoires concernait des utilisateurs
quotidiens, ayant débuté leur consommation avant 25 ans. Par
contre, les résultats globaux n’ont pas été modifiés par une prise
associée de marijuana ou par la notion d’un tabagisme passif dans
l’enfance.
Ainsi l’étude d’une vaste cohorte représentative au plan
national fait apparaitre que l’utilisation de la e-cigarette est
associée à un risque accru d’asthme, de BPCO, d’emphysème et de
bronchite chronique, indépendamment du recours à d’autres formes de
tabagisme. Ces résultats rejoignent ceux de travaux antérieurs,
expérimentaux ou conduits chez l’homme. Certains, chez l’animal ont
montré que l’exposition à l’e-cigarette entrainait une destruction
emphysémateuse du parenchyme pulmonaire, une réduction du lit
capillaire et une hyperréactivité au niveau des petites bronches.
Chez l’homme, une grande étude menée dans les années 2016- 2017 sur
705 195 individus a rapporté que l’usage de la e-cigarette était
responsable d’une augmentation de près de 75 % des cas de BPCO,
comparativement aux sujets n’ayant jamais fumé. On rappelle que
l’étude PATH fait état d’un risque accru de 31 %, après ajustement
des autres co variables. Les mécanismes potentiels d’une telle
association sont encore imprécis : inflammation pulmonaire,
augmentation du stress oxydatif, altération de la réponse
immune…
Ce travail a plusieurs points forts. La cohorte d’étude a été
importante et représentative. Les autres formes de consommation de
produits dérivés du tabac ont été prises en compte, tout comme
plusieurs sous-groupes démographiques. A l’inverse, des biais sont
possibles, liés à l’auto déclaration des données par les
participants et des erreurs de classement ont pu se produire. Les
pathologies respiratoires n’ont pu être diagnostiquées que de
longues années après l’exposition à l’e-cigarette, alors que le
suivi a été relativement court. Enfin, il s’agit d’une étude
observationnelle…
En conclusion, de cette étude de cohorte d’adultes US, il ressort
que l’utilisation de la e- cigarette est associée, de façon
significative, à une augmentation du risque de maladies
respiratoires ultérieures, indépendamment de la prise d’autres
produits dérivés du tabac. Ces données viennent conforter les
preuves en faveur du risque induit par ces nouvelles façons de
fumer.
Quand on commence à tousser, on essaye la cigarette électronique
Le 24 novembre 2020
Un fumeur qui commence à ressentir des problèmes respiratoires va être tenté de se tourner vers la cigarette électronique pour se défaire du tabac. N'y voyez vous pas une explication à ces chiffres?
Chez l’homme, une grande étude menée dans les années 2016-2017 sur 705 195 individus a rapporté que l’usage de la e-cigarette était responsable d’une augmentation de près de 75 % des cas de BPCO, comparativement aux sujets n’ayant jamais fumé. ET LE TABAC QUE CES VAPOTEURS ON FUME AVANT N'Y EST POUR RIEN BIEN SUR...
Dr Marie-Laure Garnier
Questions
Le 24 novembre 2020
- Pourquoi dans votre article parlez-vous sans cesse des «fumeurs » pour parler des vapoteurs, cela rend votre compte rendu d’article confus. Il n’y a pas de fumée (produit de combustion incomplète) avec la e-cigarette ou vapoteuse.
- Pourquoi parlez-vous de la e-cigarette comme un produit du tabagisme ? Il n’y a pas de tabac dans la e-cigarette !