
Paris, le lundi 30 novembre 2020 - Le Pr Richard Delorme
(pédo-psychiatrie, Robert Debré, Paris) alerte tant la presse que
son Agence régionale de Santé (ARS) : les enfants et les
adolescents semblent particulièrement touchés par la dégradation de
la santé mentale en lien avec la crise de la Covid-19.
Les compteurs de la pédopsychiatrie s’affolent
Ainsi, selon un tableau de bord de l’Assistance
publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 19 novembre recensant
l’activité hors-Covid des 39 hôpitaux du groupe, le nombre total
d’hospitalisation en pédiatrie pour raisons psychiatriques est en
constante augmentation depuis début août pour atteindre 3 600,
contre 2 400 un an plus tôt, soit une hausse de 50 %.
Les tentatives de suicide (TS) chez les mineurs de moins de 15
ans enregistrées à l’hôpital Robert Debré ont quant à elles
doublées en septembre-octobre par rapport à la même période en
2019, passant de 20 à 40. Un phénomène qui semble cependant
s’inscrire dans une tendance plus ancienne puisque huit TS avaient
été comptabilisées en 2013, tandis que le nombre d’urgences pour
motif pédopsychiatrique a doublé en dix ans (atteignant environ
2000 par an).
Richard Delorme est conscient que ces chiffres restent
lacunaires et il déplore d’ailleurs le manque de données à
l’échelon national. Il souligne néanmoins, dans les colonnes du
journal Le Monde que plusieurs études menées en Chine, à
Taïwan ou en Europe rapportent une augmentation des idées
suicidaires et des tentatives de suicide chez l’enfant depuis le
début de la pandémie. Aux Etats-Unis, la proportion de visites aux
urgences liées à la santé mentale des enfants âgés de 5 à 11 ans et
de 12 à 17 ans a augmenté respectivement d’environ 24 % et 31 %,
selon des données des Centres pour le contrôle et
la prévention des maladies (CDC), publiées vendredi 13
novembre.
Xavier Bataille