
Paris, le mercredi 16 décembre – Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publie dans son édition du 8 décembre une étude qui met en évidence le lourd tribut payé par les soignants à la pénurie de masque au début de la pandémie.
En France, 44 281 cas de professionnels de santé infectés par le SARS-CoV-2 ont été rapportés entre le 1er mars et le 2 novembre 2020 à Santé publique France par des établissements de santé auxquels s’ajoutent 48 496 cas signalés du 1er mars au 8 novembre 2020 par des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) parmi les professionnels, dont 78% exercent dans des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpa).
Dans ce contexte, le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres) a initié une étude qui a démarré le 17 avril 2020 avec la mise en ligne d’un questionnaire sur le site du Geres pour en savoir plus sur ces contaminations.
Au 15 août 2020, 2 329 questionnaires ont été complétés. Parmi l’ensemble des répondants, 102 (4,4%, âge médian 49 ans) avaient dû être hospitalisés à la suite de leur infection, dont 9 (âge médian 62 ans) avec passage en réanimation.
Le contexte de contamination des soignants semble avoir été pendant la première vague essentiellement professionnel : soit transmission patient-soignant, soit entre soignants avant que ne soit préconisé le port en continu du masque chirurgical. Les contacts extraprofessionnels (communautaires) ne peuvent être exclus, mais semblent avoir été durant la première vague un facteur de risque plus secondaire, sauf pour les 75 professionnels (3,2%) n’ayant pas travaillé durant les 15 jours précédant leurs symptômes.
Donnée édifiante : celle qui concerne le port du masque pendant la réalisation de prélèvements naso-pharyngés en vue d’une recherche par RT-PCR. En secteur Covid, le port de masques FFP2 variait de 56% à 87,2%. Hors secteur Covid, le port de masques FFP2 variait de 0 à 51,4%, les masques chirurgicaux étant majoritairement utilisés.
Au total, lors d’un contact avec un patient, à moins d’1 mètre, durant la période au cours de laquelle le professionnel a été contaminé, les raisons évoquées pour le non port ou le port occasionnel de masque, étaient notamment : l’indisponibilité du matériel (37,5%) ; l’absence de recommandations de port de masque (34,1%, ce qui peut revenir au même les recommandations ayant souvent découlé de la pénurie) et l’utilisation de matériel de protection uniquement pour les cas suspectés ou confirmés d’être atteints de la Covid-19 (20,8%).
BEH, 8 décembre, http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/35/index.html
Gabriel Poteau