
Pas bon genre
Méconnue du grand public (et de certains professionnels de santé puisqu’elle est souvent diagnostiquée avec un grand retard, estimé entre sept et dix ans, et fait l’objet de peu d’études scientifiques), l’endométriose est incurable : si pilule contraceptive et actes chirurgicaux peuvent l’atténuer, il n’existe pas de traitement efficace pour soulager les malades de manière définitive. Elle reste pourtant absente de la liste des ALD, et les prises en charge hors liste (encore faut-il savoir que ce dispositif peut s’appliquer à l’endométriose) sont à la discrétion des caisses, avec des disparités selon les régions.Une enquête conjointe du Centre d’Études de l’Emploi et du
travail (CEET) et du centre national des arts et métiers (CNAM)
montre à quel point les femmes atteintes sont affectées au
travail*. Un total de 1986 femmes de 16 à 58 ans y a répondu,
recrutées par le biais d’associations de patientes, de malades
blogueuses et de cabinets médicaux ou centres
spécialisés.
L’étude met en évidence qu’un tiers des femmes y ayant
participé volontairement quittent régulièrement précipitamment leur
travail pour rentrer chez elles ou consulter et 15% déclarent être
gênées quotidiennement (interruption de l’activité en cours, perte
de concentration).
Malgré le droit
On découvre encore que 82% sont réticentes à demander des
arrêts maladie pendant les crises, surtout celles qui ne
bénéficient pas du régime de l’ALD qui permet la réduction du délai
de carence. Par crainte de la réaction des employeurs, collègues,
du médecin du travail... ou de leur propre médecin, elles
remplacent souvent les dispositifs ad hoc par des stratégies
personnelles (prise de congés ou RTT, réorientations
professionnelles) pour se maintenir en emploi.
*Connaissance de l’emploi, novembre 2020
Dr Blandine Esquerre