Endométriose au travail : la double peine ?

Paris, le mercredi 23 décembre 2020 - Si vivre avec une maladie chronique est complexe, travailler encore plus. Est-ce pire si la pathologie est féminine ? Autour de 80 % des femmes atteintes d’endométriose ressentent des limitations dans leurs tâches quotidiennes. Les manifestations de cette maladie gynécologique qui touche d’autres organes (intestins et vessie notamment), sont imprévisibles car pas toujours liées aux périodes menstruelles. Outre les douleurs, qui peuvent rendre pénibles certaines positions de travail, elle provoque souvent fatigue chronique, anxiété et hypersensibilité, affectant ainsi les relations professionnelles.

Pas bon genre

Méconnue du grand public (et de certains professionnels de santé puisqu’elle est souvent diagnostiquée avec un grand retard, estimé entre sept et dix ans, et fait l’objet de peu d’études scientifiques), l’endométriose est incurable : si pilule contraceptive et actes chirurgicaux peuvent l’atténuer, il n’existe pas de traitement efficace pour soulager les malades de manière définitive. Elle reste pourtant absente de la liste des ALD, et les prises en charge hors liste (encore faut-il savoir que ce dispositif peut s’appliquer à l’endométriose) sont à la discrétion des caisses, avec des disparités selon les régions.

Une enquête conjointe du Centre d’Études de l’Emploi et du travail (CEET) et du centre national des arts et métiers (CNAM) montre à quel point les femmes atteintes sont affectées au travail*. Un total de 1986 femmes de 16 à 58 ans y a répondu, recrutées par le biais d’associations de patientes, de malades blogueuses et de cabinets médicaux ou centres spécialisés.

L’étude met en évidence qu’un tiers des femmes y ayant participé volontairement quittent régulièrement précipitamment leur travail pour rentrer chez elles ou consulter et 15% déclarent être gênées quotidiennement (interruption de l’activité en cours, perte de concentration).

Malgré le droit

On découvre encore que 82% sont réticentes à demander des arrêts maladie pendant les crises, surtout celles qui ne bénéficient pas du régime de l’ALD qui permet la réduction du délai de carence. Par crainte de la réaction des employeurs, collègues, du médecin du travail... ou de leur propre médecin, elles remplacent souvent les dispositifs ad hoc par des stratégies personnelles (prise de congés ou RTT, réorientations professionnelles) pour se maintenir en emploi.

Cette enquête contribue à l’analyse des causes d’inégalité au travail liées au genre. Considérant cet enjeu de santé publique, un plan d’action annoncé en 2019 par A. Buzyn n’a pas eu de suite. Le 15 juillet 2020, une proposition de loi visant à en faire une « Grande cause nationale 2021 » a été déposée à l’Assemblée nationale et renvoyé(e) à la Commission des affaires sociales.

*Connaissance de l’emploi, novembre 2020

Dr Blandine Esquerre

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Vos réactions (1)

  • Endométriose et infertilité (témoignage)

    Le 28 décembre 2020

    Je suis infirmière dans le 93 et victime d'une endométriose sévère avec en plus des ovaires polykystiques m'ayant conduit en GPA https://mere-porteuse-centre.fr/ ! Je conseille à toutes les femmes de surfer sur la prévention afin d'éviter cette saleté car la PMA est très difficile en France surtout lorsque la sécu vous abandonné au 4e FIV.

    NR (IDE)

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