
Rome, le lundi 11 janvier 2021 – Si tous les pays de l’Union
Européenne ont commencé leur campagne de vaccination le même jour,
le rythme de vaccination est loin d’être partout le même. Le
Danemark et l’Italie sont les bons élèves tandis que les Pays-Bas
et la France sont à la traine.
Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, on ne peut échapper
aux comparaisons internationales sur la situation sanitaire
actuelle et sur la vitesse de la campagne de vaccination contre la
Covid-19. Chaque pays, pour des raisons sanitaires, économiques
mais également sans doute de fierté nationale, souhaite être celui
qui vaccinera le plus vite possible sa population. Dans cette
course inavouée que se livrent les pays de l’Union Européenne
depuis le lancement de la vaccination le 27 décembre dernier, le
Danemark (2 % de la population vacciné) et l’Italie (1,1 % soit 640
000 personnes) ont pris la tête.
L’Italie, « Ferrari de l’Europe »
Dans la péninsule italienne, ce sont environ 90 000 personnes
qui reçoivent une dose du vaccin Pfizer/BionTech chaque jour. Les
objectifs du gouvernement sont ambitieux : il souhaite que 6
millions d’Italiens soient vaccinés d’ici la fin du mois de mars,
14 millions en avril et 21 millions fin mai. Il faut dire qu’il y a
urgence : l’Italie est à nouveau en confinement depuis le 21
décembre dernier et a déploré près de 79 000 morts depuis le début
de l’épidémie, l’un des pires bilans mondiaux. « Nous voulons
être la Ferrari de l’Europe » a affirmé Sandra Zampa,
secrétaire d’État à la santé.
Les centaines de centres de vaccinations mis en place dans le
pays tournent à plein régime, même si la campagne se fait à des
rythmes variés selon les régions : très rapide en Vénétie et dans
le Latium, encore trop lente en Lombardie et en Calabre. L’Italie a
fait le choix de vacciner en priorité les personnes âgées mais
également le personnel soignant, moins réticent à la vaccination,
afin de créer un engouement de la population pour le vaccin.
Inquiet des effets possiblement délétères de la propagande
anti-vaccination (seulement 62 % des Italiens veulent se faire
vacciner), les autorités sanitaires italiennes font la chasse aux
médecins antivaccin. Pour avoir publiquement contesté l’efficacité
des vaccins, un médecin de Turin a ainsi vu son salaire diminuer de
20 %. L’ordre des médecins italiens a prévenu que les sanctions en
cas de refus de se faire vacciner pourrait aller jusqu’à la
radiation.
A l’autre bout du classement, les Pays-Bas, qui ont vacciné
seulement 0,2 % de leur population (soit 31 000 personnes) n’ont
commencé leur campagne de vaccination que mercredi dernier. En
cause, un bug informatique qui a retardé le logiciel de suivi des
personnes vaccinés, mais surtout une erreur de stratégie : le
gouvernement hollandais était persuadé que l’Union Européenne
validerait d’abord le vaccin AstraZeneca, plus simple d’utilisation
et a dû adapter sa campagne de vaccination en catastrophe. Après
avoir un temps tenté de minimiser l’importance du retard, le
premier ministre Mark Rutte a finalement présenté ses excuses aux
députés. « Je suis vraiment déçu que nous faisions cela deux
semaines après les autres pays européens » a-t-il
déclaré.
Discrimination positive aux Etats-Unis
De l’autre coté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, la campagne
de vaccination bat son plein. Plus de 6,5 millions de personnes ont
été vaccinés, soit 2 % de la population et ce sont désormais
environ 700 000 Américains par jour qui sont vaccinés. Grâce à une
couverture médiatique volontariste et optimiste, la part des
anti-vaccins ne cesse de diminuer dans la population et ce sont
désormais près de 70 % des Américains qui souhaitent se vacciner.
Une communication résolument pro-vaccin, « qui ne cherche pas à
ménager la sensibilité des vaccino-sceptiques » selon Sarah
Rozenblum, chercheuse en sciences-politiques qui estime que la
France devrait s’inspirer de ce modèle.
Nicolas Barbet