Innocuité confirmée de la vaccination contre le HPV en Corée

Malgré l’utilisation très large du vaccin contre le papillomavirus (HPV) dans le monde, les doutes au sujet de sa sécurité persistent dans le public. La crainte d’effets indésirables graves du vaccin est le principal frein à la vaccination. De nombreux travaux ont montré un profil de sécurité tout à fait rassurant. Une équipe coréenne note toutefois que ces travaux sont le plus souvent réalisés dans les pays occidentaux et a donc entrepris de mener une étude de cohorte d’après les registres de données nationaux. L’étude est réalisée sur les data collectées entre janvier 2017 et décembre 2019 et concerne plus de 441 000 adolescentes de 11 à 14 ans, vaccinées en 2017. Parmi elles, 382 000 avaient reçu le vaccin contre le HPV, les autres un autre vaccin (diphtérie, tétanos, encéphalite japonaise ou coqueluche acellulaire). L’objectif était de comparer les taux de survenue de 33 types d’évènements indésirables graves (en lien avec l’auto-immunité ou non : pathologies endocriniennes, gastro-intestinales, musculo-squelettiques, neurologiques, etc.), pendant une période de risque de 1 an.

Pas d’effets indésirables graves mais une mortelle hésitation

Aucun des évènements indésirables prédéfinis n’est associé à la vaccination contre le HPV. Un doute apparaît en ce qui concerne la migraine qui est rapportée plus souvent par les jeunes filles vaccinées (risque relatif RR ajusté 1,11 ; intervalle de confiance à 95 % IC 1,02 à 1,22), sans qu’il soit possible de rattacher formellement cet évènement à la vaccination. En effet, une analyse secondaire selon le design de type « risk interval », ne portant que sur les filles vaccinées par le HPV, ne retrouve pas de lien entre la vaccination et les évènements indésirables graves, y compris la migraine (RR ajusté 0,67 ; IV 0,58 à 0,78). Les auteurs précisent que les résultats sont robustes, et reproduits pour différentes périodes de suivi et pour les différents types de vaccins.

Informer sur l’innocuité du vaccin contre le HPV est essentiel pour la prévention du cancer cervical. Selon une étude réalisée au Japon, l’hésitation vaccinale y serait responsable de 5 000 décès par cancer du col survenus entre 2013 et 2019.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Dongwon Yoon et coll. : Association between human papillomavirus vaccination and serious adverse events in South Korean adolescent girls: nationwide cohort study. BMJ 2021;372:m4931. doi.org/10.1136/bmj.m4931

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Vos réactions (5)

  • Un argument pour antivax

    Le 02 février 2021

    Vous rendez-vous compte de l'énergie que mettent les industriels pour démontrer, avec moult publications douteuses, que leurs produits sont efficaces et anodins ?
    N'est-ce pas la preuve éclatante de la manipulation dont nous sommes victimes ?

    Dr Pierre Rimbaud

  • Problème de méthodologie (article innocuité vaccin HPV)

    Le 02 février 2021


    Je reproduis ici le commentaire posté à la suite de cet article sur le BMJ
    Il me semble que cette remarque doit être prise au sérieux?
    Hélène Banoun, pharmacien biologiste

    Dear Editor

    Despite a questionable methodology limited to 1 year of follow-up for hard to diagnose auto-immune diseases (also ADEM has not been included in the list of outcome of interest while it's an extreme acute event, why ?), according to the "Data Supplement - Supplementary information: sections A-C " Table S3 there were 8 cases of Ankylosing spondylitis in the vaccinated group vs. 0 in the unvaccinated group, same comment for Systemic lupus erythematosus (15 vs. 0) and Erythema nodosum (26 vs. 0) so how the authors can conclude :

    "no evidence was found to support an association between HPV vaccination and serious adverse events" ?

  • Pièges statistiques...

    Le 03 février 2021

    408 000 sujets-années d'un côté, 60 000 de l'autre : manifestement, ce n'est pas assez pour calculer un risque relatif de pathologies tellement rares qu'aucun cas n'apparait dans le groupe de comparaison, presque sept fois plus petit que le groupe traité.

    D'autre part, un nombre "anormalement" élevé de pathologies rares peut se voir dans un groupe traité par effet de "démasquage", tandis que les témoins rétrospectifs, non alertés parce qu'ils n'ont pas subi d'intervention, n'ont pas porté de diagnostic.

    Concernant les encéphalomyélites aiguës disséminées, s'il en était survenu, elles auraient sans doute été signalées par leurs manifestations neurologiques puisque celles-ci ont été dénombrées ?
    Il est enfin remarquable que la plupart des pathologies aient été déclarées plus de 6 mois en moyenne après les injections vaccinales, avec une très grand variance d'intervalle - ce qui est peu probable en cas de causalité.
    Attendons donc les réponses des auteurs concernant cette publication, et gardons un regard général sur la totalité des études comparables, dont les conclusions vont dans le même sens.

    La corrélation remarquable de la vaccination HPV avec la chute d'incidence des cancers qu'elle vise à prévenir parait être à ce jour une donnée beaucoup plus solide à considérer que toute autre.

    Dr Pierre Rimbaud

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