Aux USA, on compte sur le cannabis pour lutter contre la crise des opioïdes
Aux Etats-Unis, la crise des opioïdes et les décès par overdose
constituent un grave problème de santé publique. La mortalité en
rapport avec les opioïdes a augmenté considérablement depuis 1999
et représentait plus des 2/3 des décès par overdoses en 2018. Les
chercheurs dans le domaine ont suggéré de modifier la législation
sur les stupéfiants, ce qui pourrait avoir un effet bénéfique sur
la crise des opiacés. Un certain nombre d’états ont alors décidé de
légaliser la production, l’usage et/ou la vente du cannabis, même
si le gouvernement fédéral continue à considérer comme illégale la
possession de cannabis. En 2008, 13 états autorisaient l’usage ou
la vente de cannabis thérapeutique, mais aucun celui de l’usage
récréationnel. A la fin de 2018, 33 états légalisaient le cannabis
thérapeutique et 10 son usage récréationnel.
Ces mesures ont-elles réellement un impact sur la consommation
d’opioïdes ? C’est ce que cherche à vérifier une étude publiée par
le British Medical Journal.
L’enquête a été menée dans 812 comtés, situés dans 23 états
dans lesquels le cannabis était légalisé fin 2017.
Une chute de la mortalité liée aux opioïdes parallèle au nombre
de dispensaires de cannabis disponible
Les données suggèrent que le nombre de « dispensaires » de
cannabis dans un comté est inversement corrélé à la mortalité par
overdose d’opioïdes. Une augmentation de 1 à 2 dispensaires dans un
comté est associée à une réduction de 17 % du taux de mortalité en
relation avec les opioïdes. L’association vaut pour les
dispensaires de cannabis thérapeutique aussi bien que
récréationnel, et semble plus forte pour les décès dus aux opioïdes
synthétiques autres que la méthadone (dont le fentanyl et ses
analogues), avec une réduction de 21 % du nombre de ces décès pour
1 ou 2 dispensaires supplémentaires. Notons que le fentanyl était
responsable de 67 % des décès par mésusage d’opioïdes en 2018 aux
Etats-Unis.
Les auteurs précisent que ces résultats sont obtenus après
ajustement pour la population du comté, les variations annuelles,
la légalisation ou non du cannabis récréationnel et les stratégies
adoptées par les états pour lutter contre le mésusage des
opioïdes.
Ils reconnaissent qu’il n’est pas possible d’affirmer que
l’association est causale et, rappellent que ces résultats ne
doivent pas faire oublier les effets secondaires potentiels du
cannabis, notamment sur le développement cognitif des adolescents
ou le risque de troubles de la personnalité. Ils notent que
l’efficacité du cannabis sur la gestion de la douleur n’a pas
encore été parfaitement établie, et que les patients qui se
tournent vers le cannabis plutôt que vers une prescription médicale
d’antalgique sont exposés à un moins bon contrôle de leur
douleur.
La prohibition aux Etats-Unis ne profitait qu'aux mafias
Le 03 février 2021
Je croyais que l'un des arguments des tenants de l'ordre moral en France était que la consommation de cannabis entrainait à plus ou moins long terme le passage aux drogues dures. C'est plutôt le contraire aux USA pourtant réputés plus "puritains" que nous. Je n'ai jamais consommé de cannabis, ni de tabac (aussi toxique) et fort peu d'alcool, je vais bien, merci, mais je me demande en voyant mes impôts quand la raison l'emportera et que l'on laissera chaque majeur libre de ses choix, y compris se droguer, avec du vin, du tabac, du cannabis ou d'autres drogues.
La prohibition aux Etats-Unis a bien montré qu'elle ne profitait qu'aux mafias et c'est peut-être pour cela qu'on la garde en France (sauf pour le vin évidemment...).
Dr Jean Pierre Huber
De Charybde en Scylla
Le 11 février 2021
La dégénérescence de la médecine aboutit à annihiler la réflexion étiologique pour se rabatte sur les protocoles et le symptomatique. Traiter la douleur par opiacés était, à l'évidence, une sottise dont on mesure maintenant les résultats désastreux. Passer au cannabis ne sera vraisemblablement pas meilleur. Le traitement symptomatique n'est envisageable qu'après une réflexion étiologique.