Paris, le lundi 8 mars 2021 – Plusieurs membres de
l’association Ultime Liberté ont été mis en examen pour avoir
organisé un trafic de pentobarbital, un anesthésiant utilisé
(notamment) dans les euthanasies.
« La seule association dont le but est de perdre des
adhérents ». C’est ainsi que Claude Hury, 71 ans, décrit avec
une certaine facétie l’association Ultime Liberté, qu’elle dirige
avec son compagnon Armand Stroh, 72 ans. Créé en 2009,
l’association défend le droit à mourir dans la dignité et milite
pour la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en
France. Mais contrairement à l’Association pour le droit à mourir
dans la dignité (ADMD) dont ils sont issus, les membres d’Ultime
Liberté ont semblent-ils dépassés le stade du militantisme pour
passer à celui de l’action directe. Ce vendredi, dix d’entre eux,
dont les deux dirigeants, ont été mis en examen par un juge
d’instruction parisien.
Des délinquants du 3ème
âge
Cette mise en examen est une nouvelle étape d’une enquête
commencée en juillet 2019. A l’époque, la police américaine avertit
les autorités françaises qu’elle a découvert que de nombreuses
doses de pentobarbital avaient été expédiées vers la France.
Commercialisée sous le nom de Nembutal, le pentobarbital est
interdit en France depuis 1996 et utilisé en Suisse et en Belgique
pour des suicides assistés et aux Etats-Unis pour exécuter des
condamnés à mort. Les informations données par leurs homologues
américains ont permis aux gendarmes français d’organiser un grand
coup de filet le 15 octobre 2019, en diligentant des perquisitions
simultanées un peu partout en France.
Les enquêteurs comprennent alors rapidement qu’ils n’ont pas
affaire aux « clients » habituels. Tous les suspects sont en
effet âgés de 70 à 95 ans.
Certains sont atteints de maladies incurables et souhaitent se
donner la mort rapidement. D’autres sont encore en bonne santé et
ne se sont procurés du pentobarbital que pour mourir au moment où
ils le souhaiteront. « Pour moi c’est une assurance vie »
plaisante Daniel Teyssier, 72 ans et mis en examen ce vendredi.
L’enquête permet rapidement de comprendre que l’association Ultime
Liberté est au cœur de ce trafic de pentobarbital.
Un acte militant
18 mois après ces perquisitions, dix membres d’Ultime Liberté
ont donc été mis en examen pour « importation de marchandise
dangereuse pour la santé publique et propagande en faveur de
produits permettant de donner la mort ». Des infractions pour
lesquels ils encourent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Les mis en
cause ne nient pas les faits, même s’ils réfutent toute idée de
trafic : il s’agissait seulement d’indiquer aux membres de
l’association et à leurs amis comment se procurer le
pentobarbital.
Surtout, ils considèrent n’avoir fait que leur devoir en violant
une législation qu’ils estiment inique. « Ces actes qui nous
sont reprochés sont légitimes au regard des valeurs fondamentales
de notre pays » expliquent-ils dans une déclaration commune. «
Peut être qu’un procès fera avancer le combat pour une loi digne
sur la fin de vie » espère François Galichet, 78 ans et mis en
examen.
La mort de Paulette Guinchard relance le débat
Jeudi dernier, la mort de Paulette Guinchard a remis dans la
lumière le débat sur le droit à mourir dans la dignité. Ancienne
secrétaire d’état aux personnes âgées de 2001 à 2002 (elle a
notamment créé l’allocation personnalisée d’autonomie), l’ancienne
députée du Doubs est morte en Suisse à 71 ans en ayant recours au
suicide assisté. « Sa décision ultime nous invite encore à
réfléchir et à avancer pour mieux appréhender la fin de vie en
toute dignité » a commenté Marie-Guite Dufay, présidente de la
région Franche-Comté. Jeudi prochain, le Sénat examinera une
proposition de loi socialiste visant à autoriser le suicide assisté
et l’euthanasie. Rejeté en commission, elle a peu de chance d’être
adoptée par la chambre haute.
En France, si l’euthanasie passive, ou plus précisément l’arrêt des
soins pour les personnes en fin de vie, est autorisée depuis 2005,
l’euthanasie active est toujours assimilée à un meurtre ou un
empoisonnement. Ces dernières semaines, plusieurs pays, dont
l’Espagne et le Portugal, ont légalisé l’euthanasie.
Que dire de la position frileuse de notre beau pays ou tant d’êtres humains migrent pour ses valeurs de liberté...la France y viendra à légaliser cette ultime liberté mais sera toujours en retard de quelques décennies /aux autres pays européens...(d’ailleurs en retard sur tout : les masques, les vaccins, auparavant l’IVG et la contraception...).
D’ailleurs je me pose une question ; une personne ayant raté son suicide peut elle être poursuivie en justice ?
Dr Patricia Erbibou
Hypocrisie cruelle
Le 14 mars 2021
Sous le prétexte d'une prétendue morale chrétienne (qui n'a jamais condamné la miséricorde des champs de bataille), notre pays est à nouveau dans un débat qui devrait être résolu depuis longtemps. Cette miséricorde que nous accordons à nos animaux familiers est refusé à notre prochain et maquillée par la sédation prolongée dont les acteurs (malades, familles et personnels de santé) savent très bien qu'elle s'y substitue de manière très imparfaite. Je me souviens ainsi de la sédation d'une jeune trentenaire qui mourut après de 2 mois de coma induit avec de gros dégâts sur les survivants aussi bien sa famille dont son époux qui est resté à ses côtés pendant ces deux mois et sur l'équipe soignante dont un certain nombre de membres ont demandé leur mutation par la suite. De même, la phrase du Pr Tubiana dans Le Monde évoquant comme dernière liberté du vieillard, la liberté de choisir le moment de sa mort. Nous sommes dans la situation de l'avortement avant Mme Simone Veil et nos voisins notamment belges nous traitent avec raison de faux-culs et ce sont ces individus qu'on poursuit actuellement qui sont les justes.