
Les études épidémiologiques et expérimentales ont toutefois montré des interactions entre virus et bactéries dès les premiers stades de l’évolution clinique, qui viendraient contredire ce caractère secondaire. Les prélèvements respiratoires de patients infectés par des virus (grippe, VRS, adénovirus, coronavirus endémique, rhinovirus) contiennent des pneumocoques en plus grande quantité que les prélèvements des individus n’ayant pas d’infection virale. Il a été montré que les porteurs de pneumocoque ont une réduction de la réponse immunitaire muqueuse contre le virus de la grippe, et une plus grande probabilité de présenter à la fois une infection virale et des symptômes respiratoires aigus secondaires. Ces interactions entre pneumocoques et virus restent mal comprises.
Si les pneumopathies à pneumocoques semblent moins fréquentes après une infection par le SARS-CoV-2 qu’après d’autres infections virales, elles augmentent le risque de décès. Des essais randomisés ont montré que les vaccins anti-pneumococciques conjugués protègent contre les pneumopathies associées aux virus respiratoires. Pour étudier l’hypothèse d’interactions entre le SARS-CoV-2 et les pneumocoques, dès le stade initial de la maladie, une équipe états-unienne a comparé le pronostic d’une infection par le SARS-Cov-2 chez des patients âgés de plus de 65 ans, certains vaccinés et d’autres non par le vaccin conjugué anti-pneumococcique à 13 valences (PCV 13).
La vaccin anti pneumococcique à 13 valences semble protéger
contre l’infection à SARS-CoV-2 et en réduire la
gravité
Pour les auteurs, ces données, bien qu’issues d’une étude observationnelle, semblent appuyer l’hypothèse selon laquelle la présence de pneumocoques dans les voies respiratoires supérieures contribuerait à la pathogénie du SARS-CoV-2. L’effet de la vaccination est sensiblement identique sur les 3 paramètres, suggérant que la protection commence aux stades initiaux de la Covid-19 plutôt qu’en prévention d’une forme sévère qui aurait un impact plus important sur les taux des hospitalisations et de décès. En revanche, on ne retrouve pas de lien entre vaccination avec le vaccin polysaccharidique à 23 valences (qui, contrairement au PCV13 n’évite pas le portage du pneumocoque dans les voies aériennes), et une réduction des 3 paramètres. Enfin, une annulation temporaire de l’effet est observée chez les personnes vaccinées mais traités dans les 3 mois précédents par un antibiotique. Les auteurs l’expliquent par le fait que l’effet protecteur du vaccin ne peut se manifester chez ces patients qui ne sont plus, temporairement, porteurs de pneumocoque.
Dr Roseline Péluchon